Abdellah Chankou
21.1.2021 1:27

A chaque hiver, le Maroc profond est meurtri par les chutes de neige qui ajoutent à la précarité de plusieurs citoyens pauvres et isolés aux prises avec des vagues de froid atroces. Le même scénario s’est répété, à l’identique, en ce début 2021 de toutes les incertitudes pour cause d’une pandémie qui fait de la résistance. La souffrance de ces populations aurait été largement atténuée si leurs régions enclavées étaient convenablement équipées en infrastructures de base. Ce qui est loin d’être le cas. Ni routes en bonne et due forme, ni bois pour se réchauffer et encore moins un dispositif Orsec alors même qu’elles sont durement touchées au vu des grosses quantités de neige tombées du ciel qui ajoutent à la rudesse de leur quotidien déjà très difficile en temps normal.  

Livrés à eux-mêmes dans l’indifférence des autorités, se débrouillant du mieux qu’ils peuvent, les habitants des trois Atlas, le grand, le moyen et l’anti, sont coupés du monde. Faute de routes praticables, ils sont assiégés. Impossible de se rendre au souk ni à l’école qui sont généralement loin du douar surtout en zone montagneuse où la survie se fige dans des séquences qui ont quelque chose de moyenâgeux. Beaucoup perdent dans la rudesse de ces conditions météo leur troupeau qui constitue leur unique richesse dans un environnement des plus hostiles. En dehors de quelques actions caritatives et sporadiques qui sont une goutte d’eau dans un océan de dénuement, on n’a pas vu le gouvernement se mobiliser sérieusement pour ces gens-là ni déclarer leurs régions sinistrées. Face à ce coup de froid atroce, Al Othmani et son équipe restent de glace !

Justement, la neige aurait pu devenir, pour peu que la vision et la volonté politiques y soient un formidable levier qui produit du développement local, crée des emplois et génère de la richesse pour les habitants.

Heureusement que le souverain fait mobiliser chaque année les Forces armées royales pour apporter l’aide et les secours nécessaires pour les victimes des intempéries et des épisodes de froid intense. Ils sont beaux les discours officiels sur le désenclavement. On voit bien à quoi ils ressemblent au vu des séquences vidéo qui circulent sur le Net qui montrent l’extrême souffrance de ces éternels oubliés de la croissance et ces lésés des politiques publiques… Mais pourquoi recourir  constamment quand il s’agit du monde rural à des solutions provisoires comme les hôpitaux de campagne ou des campagnes de distribution de couvertures avec quelques victuailles là où les décideurs politiques  étaient censés agir pour désenclaver, faire passer des routes dignes de ce nom, construire des hôpitaux en dur et créer de véritables activités génératrices de revenus ? Justement, la neige aurait pu devenir, pour peu que la vision et la volonté politiques y soient un formidable levier qui produit du développement local, crée des emplois et génère de la richesse pour les habitants.

En Europe, comme en France, Suisse, Autriche et Italie, toute une économie prospère a été bâtie depuis longtemps sur la valorisation de la neige par la création de stations de ski dans les régions montagneuses qui attirent chaque année des millions de touristes adeptes du tourisme d’hiver. Ce qui représente au Maroc le symbole du calvaire d’une partie de la population, faute d’un travail de mise en valeur de cette richesse inestimable, représente ailleurs un grand facteur de développement qui fait vivre plusieurs milliers de familles tout en générant des recettes importantes pour les régions des domaines skiables. Même l’Oukaïmeden dans la région de Marrakech, qui possède pourtant toutes les qualités pour devenir une excellente plate-forme de ski, est handicapée par l’absence des infrastructures (hôtels, restaurants, animation et autres activités récréatives …). Idem  pour Ifrane où la neige, figée à l’état naturel, reste sous-valorisée ; ce qui a privé jusqu’ici le secteur touristique national, terrassé depuis le mars 2020 par la crise sanitaire, d’un produit assez intéressant aux retombées bénéfique sur les territoires montagneux du pays dont le sort très peu enviable laisse de glace les pouvoirs publics…

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