Plus que la crise sanitaire, le Maroc souffre d’une crise politique que l’épidémie du Covid-19 n’a fait qu’accentuer. C’est dans les grandes épreuves comme celle-là que les hommes se révèlent, montrent ce qu’ils ont dans le ventre. Au Maroc, le coronavirus a surtout révélé à la majorité des ministres leurs limites effroyables dans la gouvernance publique. N’était la reprise en main royale des dossiers chauds du Covid-19 dans une vision dynamique et proactive, le pays, entre les mains des seuls islamistes dégarnis côté action sur le réel, aurait sans doute basculé dans le pire des scénarios….

C’est pour cela que PJD doit une fière chandelle à la monarchie qui a fait preuve d’une anticipation remarquable dans la gestion de cette crise en déployant rapidement une batterie d’outils de solidarité (Fonds de lutte contre la pandémie, Comité de veille Economique, soutien financier aux entreprises touchées et aux populations démunies, etc.) en vue d’atténuer les effets de l’épidémie sur l’appareil productif et le tissu social.  L’implication personnelle de S.M le Roi Mohammed VI dans la gestion du cas de force majeure planétaire a en quelque sorte contrebalancé la faiblesse de l’exécutif qui s’est contenté globalement de mettre en œuvre les instructions royales.

Aujourd’hui, sept mois après l’apparition du Covid au Maroc, vient le temps des questions. Et quelles questions ! Faut-il continuer à traîner un gouvernement sans Premier ministre digne de ce nom? Dans cette phase de toutes les incertitudes, marquée par une disette financière sans précédent et la détérioration de la majorité des indicateurs socio-économiques, le Royaume peut-il encore s’offrir le luxe de s’infliger pour une année de plus un Saadeddine Al Othmani  de plus en plus caricatural, incapable de jouer son rôle de chef a fortiori projeter le pays dans l’avenir ? La situation n’est-elle pas assez préoccupante pour continuer comme si le pays vivait dans la normalité habituelle d’avant ?    

Sérieusement déstabilisées par la pandémie qui a ravagé l’ensemble des secteurs d’activité, convaincues que le monde d’après ne ressemblera en rien à celui d’avant, les nations développées travaillent d’arrache-pied pour jeter les fondations du nouveau monde sur les décombres de l’ancien.

Des remises en cause douloureuses ont été imposées et des adaptations importantes sont en cours  et d’autres transformations tout aussi profondes sont à venir. Le défi, tout le défi est de ne pas rester à la traîne.  

Dans cette phase de toutes les incertitudes, marquée par une disette financière sans précédent et la détérioration de la majorité des indicateurs socio-économiques, le Royaume peut-il encore s’offrir le luxe de s’infliger pour une année de plus un Saadeddine Al Othmani de plus en plus caricatural ?  

Objectif : embarquer dans le train du nouveau monde qui se dessine sur les plans géopolitique et économique. Les alliances d’hier ne seront certainement pas celles de demain et la mondialisation, telle qu’elle a dysfonctionné avec ses multiples dérives spectaculaires, aura sans doute un autre visage.  

Où en est le Royaume par rapport à ces nouveaux enjeux de haute importance? Comment compte-t-il se positionner dès aujourd’hui pour ne pas être déphasé par rapport à toutes ces mutations ? Force est de constater que nous n’avons pas entendu le gouvernement tenir de discours sur sa vision du futur ou présenter la moindre esquisse d’un projet du Maroc nouveau en gestation ? Définitivement empêtré dans la gestion au jour le jour de la crise sanitaire qui l’empêche de regarder au-delà de la courbe quotidienne des contaminations, le cabinet Al Othmani montre chaque jour qui passe qu’il est loin d’être celui de la conjoncture cruciale que le pays traverse depuis le mois de mars.

Pour s’en sortir et éviter de compromettre son avenir, le Maroc a besoin d’urgence bien plus que d’un gouvernement d’intendance qui gère  la crise sanitaire à coups de communiqués nocturnes, sans explication aucune à l’opinion publique, annonçant régulièrement des mesures restrictives en mal de cohérence. Tout compte fait, celles-ci ne contribuent in fine qu’à aggraver la situation déjà critique du pays, de son économie et de ses finances tout en accentuant la crise de confiance de la population dans les institutions.

Dans ce contexte qui ressemble à un champ de ruines, l’engagement du ministère de l’Intérieur et des partis politiques dans les préparatifs des législatives de 2021 a quelque chose de surréaliste.  

De quoi a besoin l’homme nu ? d’une bague cher monsieur, dit un adage bien de chez nous ! Mais les élections pour quoi faire? Avec quels programmes et quelle vision? Trop affaiblie pour sortir le pays de l’ornière, frappée d’un profond discrédit qu’elle traîne comme un boulet, la classe politique actuelle, qui s’est terrée  au plus fort de la crise sanitaire, ferait mieux d’aller se refaire, le temps qu’il faut, une santé par un sevrage forcé du pouvoir et de ses délices.  

Le pays qui a instauré sans hésiter l’état d’urgence sanitaire pour protéger les citoyens du coronavirus est largement fondé à décréter l’état d’urgence politique afin de  prémunir le royaume  contre  une épidémie encore plus ravageuse : l’incompétence aux affaires…

Vivement un gouvernement de compétences technocratiques ou de personnalités politiques de valeur nommées intuitu personae qui auront pour mission de remettre la machine en marche, restaurer l’espoir tout en traçant un nouveau cap...

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