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Via leur association, les patrons marocains des call centers ont exprimé noir sur blanc leur volonté de généraliser...

Via leur association, les patrons  marocains des call centers ont exprimé noir sur blanc leur volonté de généraliser le télétravail dont ils se félicitent.  Or, derrière cette ambition d’apparence noble se cache une rapacité toujours féroce...

«Je vais au travail est en train d’être remplacé par je suis au télétravail ». C’est l’une des conséquences majeures de la pandémie du Covid-19. Cette crise sanitaire mondialisée et sans précédent a obligé de nombreuses entreprises aux quatre coins du monde à recourir dans l’urgence au  travail à domicile pour assurer  la continuité de leur business. Or, dans plusieurs  pays occidentaux, la question du télétravail divise. Si les patrons y voient déjà une opportunité  nouvelle dont ils entendent exploiter les ressorts, nombre de spécialistes se montrent prudents en mettant en avant les inconvénients du télétravail, principalement la déshumanisation de l’activité à coups d’outils numériques et autres messageries d’entreprises.  

Au Maroc, la CGEM ne s’est pas trop posé la question, s’empressant  en plein confinement de pondre dans le dos des syndicats un «cadre juridique au télétravail », révélé par le Canard. Dans le même sillage, le secteur de l’offshoring, via l’association marocaine de la relation client (AMRC), a mis au point,-là aussi sans concertation avec les syndicats et les représentants du personnel- une «déclaration d’intention » pour « la  bonne mise en œuvre du télétravail» qu’elle dit vouloir mettre en œuvre si un cadre législatif régissant cette nouvelle façon de travailler tardait à voir le jour.

« Nous croyons que le télétravail apportera une contribution positive dans le pays et à l’ensemble de ses régions : il contribuera à pérenniser la compétitivité du secteur…», lit-on dans le préambule du draft  de l’AMRC. Riche idée. En langage décrypté , cela veut dire: maximiser nos profits au détriment du pauvre télétravailleur.

Dans les rangs de ces hommes d’affaires, dont le business est  fondé exclusivement sur la réalisation d’un maximum de rentabilité aux dépens de l’épanouissement de leur personnel,  le dogme que l’employé doit travailler sous le regard de son chef commence à être battu en brèche. Pour eux, le télétravail est une opportunité à saisir pour avoir des employés plus performants qui travaillent  encore plus pour toujours moins. Alléluia ! Un nouveau gisement d’exploitation de la main d’œuvre est né…

Dans cette optique, ce syndicat des patrons propose 12 professions de foi pompeuses dont les plus  saillantes sont la non-discrimination, l’équité interne, l’égalité professionnelle, le lien social, le développement professionnel et la sécurité et santé. Autant de titres déclamatoires qui ne se vérifient pas souvent en présentiel où le contexte reste marqué par une exploitation des ressources humaines connus de tous. Quid des nouvelles conditions du travail en dehors des locaux professionnels ? Quels en sont les chantages pour le salarié désireux de travailler depuis chez lui ? Or, l’AMRC fait complètement l’impasse sur cette question pourtant essentielle. Pour le moment, seul l’employeur est gagnant dans l’affaire sachant que le travail depuis chez soi lui  permet de faire des économies substantielles que ce soit sur le coût des locaux, l’eau, l’électricité  et éventuellement la machine à café.

Dans son catalogue de bonnes intentions, l’AMRC ne fait en échange aucune mention des bénéfices matériels que le télétravailleur peut tirer d’une activité professionnelle à domicile. Ils doivent s’estimer chanceux  s’ils ne leur sucrent pas les primes liées à l’activité présentielle comme celle du  transport.

L’association annonce la couleur en s’engageant seulement à observer «le total  respect de la législation du travail et des lois en vigueur en matière de couverture sociale et d’assurances ». Dans la tête des combinards du combiné, le Code du travail (et non pas du télétravail qui reste à inventer) est aussi  valable comme cadre réglementaire pour le boulot à distance. Autrement dit, les opérateurs de l’offshoring veulent s’inscrire dans le Maroc d’après en tirant profit des avantages du télétravail pour leurs entreprises avec un texte législatif du Maroc d’avant régissant le travail en présentiel! C’est ce qu’on appelle avoir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la téléopératrice !  

Tel qu’elle a été rédigée, la déclaration de principe de l’AMRC escamote complètement les attentes des employés et surtout  leur condition sociale déjà très difficile qui ne leur permet pas de disposer d’espaces dédiés où il fait bon travailler. Le souci des patrons des centres d’appel se limite juste à ce qu’ils s’assurent que leurs premiers de corvée  disposent du matériel nécessaire à l’accomplissement de leur tâche avec « maintenance des équipements et des systèmes d’information ». Quid des aléas pouvant survenir sur le lieu du télétravail ? Un accident ou une panne de courant ou d’internet par exemple ? Comment gérer des incidents pareils ? La question est de savoir si le télétravailleur est protégé dans ce genre de situations ou si l’employeur  ne s’empressera pas de lui faire porter le chapeau… L’autre jour un fait inattendu s’est produit: un  télétravailleur à Casablanca n’a pas rejoint son poste pour avoir piqué après le déjeuner un petit somme qui s’est prolongé de quelques heures. L’employeur n’a rien voulu savoir et l’a convoqué en le menaçant de sanctions. Bonjour les mises à pied,  brimades et retenue sur salaire… Dans une filière  caractérisée par un mode de management  digne des pratiques esclavagistes du début du 20ème siècle (stress permanent du fait d’objectifs impossibles à atteindre,  pauses chronométrées à la seconde près, rémunérations dérisoires…), le télétravailleur doit s’attendre au pire. Une exploitation encore plus forte qu’en présentiel sans droits sociaux inhérents aux jobs virtuels. Vive le progrès !

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