Une poignée de main un peu glaciale...

Réchauffement de la guerre froide. Dans une interview diffusée mercredi 17 mars par la chaîne télévisée ABC News,...

Réchauffement de la guerre froide. Dans une interview diffusée mercredi 17 mars par la chaîne télévisée ABC News, Joe Biden a jeté un gros pavé dans la mare. Il  a dit ce qu'il pense de son homologue russe Vladimir Poutine. Un tueur sans âme selon le président américain qui a juré que Poutine « paiera bientôt un prix» pour avoir interféré dans l'élection présidentielle américaine de 2020 et tenté de booster les chances de réélection du président sortant Donald Trump. Pendant des années, ce dernier s’est fait remarquer par son refus de critiquer Poutine pour son ingérence dans sa campagne électorale de 2016 contre Hillary Clinton. Lorsque le journaliste-vedette de Fox News Bill O'Reilly a qualifié Poutine de tueur, Trump lui a répondu : « Vous pensez que notre pays est si innocent ? ».

Biden a ajouté qu'il avait averti Poutine le mois dernier, lors de son premier appel au président russe après son entrée en fonction, qu'il exercerait des représailles si cette ingérence était confirmée.  Début de conversation : « Je vous ai dit que je vous connaissais et que vous me connaissiez. Si j'établis que cela s'est produit, alors soyez prêt », a déclaré Biden à ABC. L'interview a été réalisée mardi, le même jour où le Conseil national du renseignement américain a publié un rapport qui conclut que Poutine a autorisé sa barbouzerie à promouvoir la désinformation pendant la campagne électorale de 2020 au sujet de Biden par le biais des médias américains et des personnes proches de Trump. « Il en paiera le prix » a menacé  Biden à propos de M. Poutine. À la question de savoir quel serait ce prix, Biden a répondu : «Eh bien, vous le verrez bientôt. »

Au début du mois, l'administration Biden a imposé une série de sanctions à de hauts responsables russes, dont les chefs d'état-major adjoints de Poutine, pour l'empoisonnement et l'emprisonnement qui en a suivi de Alexey Navalny, un leader de l'opposition à Poutine. Bien que Navalny ait survécu à son empoisonnement, un grand nombre de critiques de Poutine ont été tués ou sont morts de façon suspecte. Joe Biden a également souligné qu’il existait des sujets sur lesquels il était dans l’intérêt de la Russie et des États-Unis de collaborer, comme le renouvellement de l’accord START de limitation des arsenaux nucléaires. « Je le connais relativement bien», a déclaré Joe Biden au sujet de Vladimir Poutine, ajoutant que l’élément le plus important dans les relations avec les dirigeants étrangers était de bien connaître son interlocuteur.

Prié par la chaîne ABC de dire s’il pensait que Vladimir Poutine était un tueur, Joe Biden a répondu : « Oui », ajoutant que le dirigeant russe était sans âme. Biden a également confirmé des rapports antérieurs selon lesquels il a personnellement dit à Poutine en 2011, alors qu'il était vice-président des États-Unis, que Poutine n'a pas d' « âme ». « Je ne faisais pas le malin, j'étais seul avec lui dans son bureau », a déclaré Biden. « C'est comme ça que ça s'est passé. C'est lorsque le président [George W.] Bush avait dit que j'avais regardé dans ses yeux et vu son âme. » « J'ai dit que j'ai regardé dans vos yeux et je ne pense pas que vous ayez une âme. Et il m'a regardé et m'a dit : « nous nous comprenons », s'est souvenu Biden. Les mots forts de Biden sur son homologue russe contrastent fortement avec Trump, qui, pendant des années au pouvoir, a refusé de critiquer Poutine pour son ingérence dans l'élection de 2016, ou même de concéder que cela s'est produit, comme des enquêtes répétées l'ont constaté. En 2017, lorsque Bill O'Reilly, alors animateur de Fox News, a qualifié Poutine de « tueur », Trump a suggéré que la conduite de l'Amérique était tout aussi mauvaise que celle du président russe. « Il y a beaucoup de tueurs, nous avons beaucoup de tueurs », a déclaré Trump. « Vous pensez que notre pays est si innocent?» a demandé Trump à O'Reilly. Selon Dominique Moisi, conseiller spécial de l’Institut Montaigne (Ouest-France du 19/3), Joe Biden se veut le porte-drapeau de la démocratie et des droits humains : « le message de Biden est simple. Ce n’est pas seulement « l’Amérique qui est de retour » mais « l’Amérique des valeurs ». »

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