Erdoğan, Mevlüt Çavuşoğlu et Charles Michel, Ankara, 6 avril 2021.

On sait que le président Turc Tayyip Recep Edogan est moins féministe que les dirigeants européens, mais aller jusqu’à affirmer...

On sait que le président Turc Tayyip Recep Edogan est moins féministe que les dirigeants européens, mais aller jusqu’à affirmer qu’il a ridiculisé du moins à dessin ou par mégarde la présidente de la commission européenne Mme Ursula von der Leyen est un pas difficile à franchir. Éléments de réponse. Mais tout d’abord retour sur image.

Mardi 7 avril, Ursula von der Leyen, présidente de la commission l'Union européenne (Exécutif), s'est retrouvée maladroitement debout alors que son collègue Charles Michel, président du Conseil représentant les 27 membres de l'Union, et le président turc Recep Tayyip Erdogan prenaient les deux seuls sièges disponibles entre les drapeaux européen et turc. « Uhm ... » On entend Mme von der Leyen dire dans une vidéo alors qu'elle se tenait, s'attardant, dans la grande salle du palais présidentiel turc, mardi, tandis que MM. Michel et Erdogan s'installaient confortablement dans leurs sièges dorés, parfaitement centrés pour une séance de photos. Toujours debout, Mme von der Leyen a levé une main interrogative avant de s’installer sur un canapé à plusieurs mètres des deux hommes, et à niveau plus bas qu’eux. Pour ajouter à l'offense, sa position était reflétée de l'autre côté de la pièce par le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, qu'elle surclasse protocolairement. Mme von der Leyen, qui est présidente de la Commission européenne, et M. Michel, qui dirige le Conseil européen, sont de même rang dans la hiérarchie protocolaire de l'Union européenne. Où est le « mâle » alors ?  

Mais malgré cette égalité de rang entre von der Leyen et son collègue Louis Michel beaucoup ont vu dans ce moment, certes, insolite, un signe fort des différences culturelles entre la Turquie de M. Erdogan et l'Union européenne en matière d’égalité homme-femme ; d’autant plus quelques jours avant cet incident le dirigeant turc a retiré son pays de la Convention d'Istanbul, un traité qui vise à protéger les femmes de la violence liée au genre Pire : M. Michel a jeté de l’huile sur le feu en s’abstenant de céder son siège à sa collègue Mme von der Leyen. En revanche, M. Michel a publié une déclaration tardivement dans la soirée de mercredi, pointant l' « interprétation stricte » des règles du protocole par les fonctionnaires turcs qui a créé « une situation affligeante : le traitement différencié, voire réduit, du président de la Commission européenne. » Dans un message publié sur sa page Facebook officielle, le président belge de la commission européenne a déclaré que l'impression qu'il avait été « insensible » était fausse et qu'il avait poursuivi la réunion afin de ne pas aggraver une situation que plusieurs médias européens ont qualifiée de « Sofagate ». Un terme très exagéré et sent la turcophobie.

Parmi les médias européens qui se sont retenus de verser sans la turcophobie, le quotidien français Libération réputé pour son féminisme. À l’instar de l'Europe qui a confirmé que la Turquie n'est aucunement responsable du « Sofagate », Libé du 7 avril a dans un article intitulé « Recep Tayyip Erdogan a-t-il humilié Ursula von der Leyen souligné le respect à la lettre par Ankara du protocole européen à appliquer lors des visites diplomatiques.

Même son de cloche côté des ex-dirigeants de l’UE : Notant qu'il a toujours suivi l'ordre protocolaire lors de ses voyages avec Donald Tusk ou Herman Van Rompuy, les présidents du Conseil européen de l'époque, Jean-Claude Juncker a déclaré : « Normalement, j'avais une chaise à côté de la chaise du président du Conseil, mais parfois il m'arrivait d'être assis sur un sofa ». Cependant, Juncker a estimé que le protocole appliqué à von der Leyen aurait dû être différent.

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