L'incident du ballon menace les efforts de normalisation des relations entre les deux superpuissance. La dérive au-dessus des États-Unis d’un ballon chinois a non seulement faut annuler une visite prévue à Pékin du secrétaire d’Etat Anthony Blinken, mais menace également de faire dérailler les efforts des deux pays pour stabiliser des liens de plus en plus cahoteux.

La réponse des États-Unis à ce qui semble être une mission d'espionnage bâclée aura des conséquences durables sur les efforts visant à stabiliser les relations USA-Chine, qui sont déjà au plus bas. Certains législateurs américains appellent de leurs vœux cette éventualité. Mais les dégâts sont déjà là. Le président Joe Biden a blâmé la Chine pour ce que les responsables américains appellent une violation inacceptable de la souveraineté des États-Unis. Et le secrétaire d'État américain Antony Blinken, qui a reporté un voyage qui avait commencé vendredi, a déclaré qu'il serait prêt à se rendre à Pékin "lorsque les circonstances le permettront", mais l'administration pourrait subir des pressions pour écourter les voyages en Chine.

Daniel Russell, le principal diplomate américain pour l'Asie sous le président Barack Obama, a déclaré que l'"alibi ridicule" de la Chine selon lequel le ballon était un ballon météorologique défectueux n'a convaincu personne. Les relations entre les superpuissances ont été tendues ces dernières années. Et en août dernier, ces relations ont atteint leur pire niveau depuis des décennies suite à  la visite de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, à Taïwan, ce qui a incité Pékin à effectuer des exercices militaires près de l'île revendiquée par la Chine. Depuis lors, l'administration Biden a déclaré qu'elle espérait créer un "plancher" pour les relations et veiller à ce que l'animosité ne dégénère pas en conflit.

Mais les républicains qui contrôlent la Chambre des représentants travaillent déjà sur les moyens d'enquêter sur les menaces potentielles du principal rival géopolitique des États-Unis et n'ont pas tardé à attaquer Biden au sujet du ballon. Ils se sont demandés sarcastiquement si les autorités américaines avaient donné aux Chinois  le feu vert de survoler le territoire américain surtout que l’engin qui est de dimensions plus grandes que ceux d’un simple ballon météorologique a parcouru des centaines de km au-dessus des États-Unis en toute tranquillité ! Michael McCaul, le président républicain de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, a exigé vendredi de savoir pourquoi l'administration n'a pas donner l’ordre d’abattre le ballon, accusant le président Biden de représenter une "menace directe et continue pour la sécurité nationale de la patrie américaine". La question de McCaul aura une réponse positive samedi soir puisque Biden a finalement donné l’ordre d’abattre le ballon désormais identifié par Washington comme un engin volant d’espionnage. La Chine s'est souvent plainte de la surveillance de son armée croissante par les navires et les avions américains, bien que ces dernières années, ces opérations aient été menées depuis des eaux et un espace aérien internationaux largement reconnus.