Ebrahim Raïssi, le nouveau président d’Iran. Atta Kenare / AFP.

Ebrahim Raïssi, ancien magistrat, remporte à 62 % le l’élection présidentielle en Iran dans un contexte de faible participation... 

Ebrahim Raïssi, ancien magistrat, remporte à 62 % le l’élection présidentielle en Iran dans un contexte de faible participation historique. Raïssi, qui s'oppose depuis longtemps à tout rapprochement avec l'Occident et qui est un proche allié du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei qui l’a nommé chef de la magistrature en mars 2019, et qui depuis lors, l’appareil judiciaire a ordonné l'exécution de 251 personnes en 2019, 267 personnes en 2020 (sans compter celles de l’année en cours), a ainsi remporté la victoire lors d'un scrutin qui a vu tous ses rivaux sérieux exclus de la course par le Conseil des Gardiens de la Constitution. Le ministre de l'Intérieur, Abdolreza Rahmani Fazli, a annoncé samedi que le sexagénaire avait remporté près de 18 millions de voix sur les 29 millions de suffrages exprimés. Mais de nombreux Iraniens réformateurs ont refusé de participer à une élection largement considérée comme jouée d'avance. Le taux de participation global a été de 48,8 %, le plus faible depuis l'instauration du régime la République islamique en 1979.

De nombreux militants ont accusé le clergé iranien de « sélectionner » le prochain président plutôt que de l'élire, dans le cadre d'un scrutin conçu pour renforcer le pouvoir des dirigeants religieux purs et durs du pays, malgré les appels à la réforme lancés par une population en majorité appauvrie notamment par l’uranium enrichi. Le taux de participation, historiquement bas, a été enregistré malgré les nombreux appels de Khamenei à voter en masse pour déjouer les plans des ennemis de la république, a-t-il averti. Vendredi, il a prévenu qu'un faible taux de participation « augmenterait la pression des ennemis». Raïssi, le favori, a quant à lui demandé à tous les Iraniens de se rendre aux urnes « pour résoudre les problèmes.

Le président Raïssi prendra officiellement ses fonctions dans 40 jours à et deviendra alors le huitième président de l'Iran. Jusqu'à cette date, Hassan Rouhani restera président par intérim de l'Iran. M. Rouhani a rendu visite à M. Raïssi samedi pour lui présenter ses félicitations. L'élection intervient à un moment charnière et crucial pour l'Iran. Le prochain gouvernement devra faire face à une crise économique exacerbée par la pandémie de Covid-19, et aux appels à une réforme constitutionnelle. Téhéran est également engagé dans des négociations avec les États-Unis sur la manière de relancer l'accord nucléaire de 2015. L'élection de M. Raïssi ne fera qu'accentuer les spéculations selon lesquelles il est préparé à succéder un jour à son mentor Khamenei, 81 ans, au poste de guide suprême. Dans le système politique iranien, c'est le guide suprême, et non le président, qui prend la décision finale sur toutes les grandes questions d'État. M. Raïssi a fait campagne en grande partie sur un programme de lutte contre la corruption - une tentative apparente d'apaiser les frustrations des électeurs face à une économie chancelante, attribuée aux sanctions paralysantes des États-Unis et à la corruption du gouvernement. Pendant la majeure partie de sa carrière, cependant, il a joué un rôle de premier plan dans la poursuite des prisonniers politiques iraniens. En 1988, Ebrahim Raïssi faisait partie d'un « comité de la mort» composé de quatre personnes qui aurait supervisé l'exécution massive d’environ 5 000 prisonniers politiques, selon des groupes de défense des droits. Ses deux années à la tête de la justice iranienne ont été marquées par une intensification de la répression de la dissidence et des atteintes aux droits humains. Amnesty International a demandé samedi qu'il fasse l'objet d'une enquête pour crimes contre l'humanité présumés.

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