Nicolas Maduro, le président vénézuélien. Yuri CORTEZ / AFP.

Combattre un dictateur pour se jeter pieds et mains joints dans les bras d’un autre c’est la preuve qu’en matière de realpolitik tout est...

Combattre un dictateur pour se jeter pieds et mains joints dans les bras d’un autre c’est la preuve qu’en matière de realpolitik tout est possible. Le cas Etats-Unis-Venezuela illustre parfaitement cette équation. Pour pallier le manque du pétrole russe sous embargo occidental à cause de la guerre en Ukraine, Washington autorise des compagnies européennes à importer du brut du pays du dictateur anti-américain Maduro pour le compte de l’Europe.

En effet, la compagnie pétrolière italienne Eni SpA et la société espagnole Repsol SA pourraient commencer à expédier du pétrole vénézuélien vers l'Europe dès le mois prochain pour remplacer le brut russe, ont révélé des sources bien informées. Une reprise des échanges de pétrole contre de la dette, interrompus il y a deux ans lorsque l’Amérique de Trump a renforcé les sanctions contre le Venezuela.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a salué samedi les « mesures légères mais significatives» prises par les Etats-Unis pour « accorder des licences» aux compagnies pétrolières afin qu'elles puissent opérer dans au Venezuela dans le cadre d'un allègement des sanctions économiques contre le pays sud-américain.

Toutefois, le volume de pétrole qu'Eni et Repsol devraient recevoir de la part de PDVS, compagnie pétrolière étatique vénézuélienne liée par des accords de partenariats avec les pétrolières Respol et Eni, n'est pas important. C’est ce qu’a déclaré l'une de ces sources. Donc tout impact sur les prix mondiaux du pétrole sera modeste. Mais le feu vert de Washington à la reprise des flux de pétrole vénézuéliens vers l'Europe, longtemps gelés, pourrait donner un coup de pouce symbolique au président vénézuélien Nicolas Maduro. Merci qui ?

Malgré la modestie de la quantité du pétrole vénézuélien autorisée à être importée l'administration du président Joe Biden espère que qu’il pourra aider l'Europe à réduire sa dépendance à l'égard de la Russie et à rediriger une partie des cargaisons du Venezuela vers la Chine. Un autre objectif est d'amener Maduro à relancer les négociations politiques avec l'opposition vénézuélienne, ont déclaré les mêmes sources anonymes.

En revanche ce ballon d’oxygène au régime de Maduro est assorti de conditions strictes dont l’obligation que le pétrole reçu « doive aller exclusivement en Europe. Il ne peut pas être revendu ailleurs ».

Par ailleurs, Washington n'a pas accordé de facilités similaires à la grande compagnie pétrolière américaine Chevron Corp ni à la compagnie indienne Oil and Natural Gas Corp Ltd. ni  à la compagnie française Maurel & Prom SA qui ont également fait pression sur le département d'État et le département du Trésor américains pour obtenir du pétrole en échange de milliards de dollars de dettes accumulées par le Venezuela.

Les cinq compagnies pétrolières ont cessé d'échanger du pétrole contre des dettes à la mi-2020, au milieu de la campagne de « pression maximale » de l'ancien président américain Donald Trump qui a réduit les exportations de pétrole du Venezuela mais n'a pas réussi à évincer Maduro.

La vice-présidente du Venezuela, Delcy Rodriguez, a tweeté le mois dernier qu'elle espérait que les ouvertures américaines « ouvriraient la voie à la levée totale des sanctions illégales qui affectent l'ensemble de notre peuple ».

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