Depuis les élections législatives du 6 octobre 2019 dont les résultats, annoncés deux jours plus tard, ont placé Ennahda en tête avec 52 ...

Depuis les élections législatives du 6 octobre 2019 dont les résultats, annoncés deux jours plus tard, ont placé Ennahda en tête avec 52 sièges, le pays de Bourguiba et de la harissa n’a toujours pas de gouvernement. Bien que le parti islamiste soit loin de la majorité requise de 109 voix pour former un gouvernement seul, il en quand-même a assez récolté pour s’ériger en faiseur de rois. Autrement dit c’est lui qui à la fois mène la danse et compose la musique. Après l’échec de Habib Jemli le 10 janvier de former un exécutif de compétences nationales indépendantes des partis politiques en janvier dernier, son successeur Elyes Fakhfakh, nommé 10 jours plus tard,  risque fort bien de connaître le même sort que son prédécesseur dont le parlement a refusé la confiance.

Ennahda, l’acteur majeur du front de refus exige un gouvernement d’union nationale sinon rien. Il vient de le faire savoir à l’ingénieur Fakhfakh qui a annoncé samedi 15 février la composition de son futur gouvernement qui est tout sauf d’union nationale comme l’exigent les barbus. Dans la foulée Ennahda décide de s’en retirer ne en agitant la menace d’une motion de censure ! Exaspéré de continuer à composer avec un gouvernement d’affaires courantes conduit par Youssef Chahed alors que la Tunisie en proie à de graves difficultés économiques a besoin d’un exécutif solide au visage lisse qui ne fasse pas peur aux bailleurs de fonds, le président Kaïs Saïed prévient que si la situation ne se débloque pas rapidement la chambre sera dissoute et les députés seront renvoyés devant le peuple. Lors d’une réunion, lundi 17 février 2020, avec le chef du gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes, Youssef Chahed et le président de l’Assemblée des Représentants du peuple, Rached Ghannouchi au palais présidentiel de Carthage, le chef de l’État a affirmé, en bon constitutionnaliste, qu’on ne pouvait pas retirer la confiance du gouvernement de Chahed soulignant que l’Assemblée des Représentants du Peuple en place n’est pas habilitée à le faire. Et Kaïs Saïed d’enchaîner que dans le cas où le gouvernement proposé par Fakhfakh n’obtiendra pas la confiance des députés, la Constitution sera la référence et le peuple y est souverain. « Le peuple peut accorder la confiance à qui il veut et la retire à qui il veut », a indiqué le président de la République. Cependant le président du conseil de la Choura d’Ennahdha, Abdelkarim Harouni, ne veut pas d’élections anticipées car il sait que son parti peut s’y casser la gueule maintenant que le président Esaied l’a implicitement désigné comme un obstacle. En effet, mercredi 19 février 2020, lors d’une conférence de presse, Harouni a déclaré attendre des éclaircissements de Fakhfakh pour prendre une décision définitive. Ça s’appelle mettre de l’eau dans son vin.

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