A près la Libye, la république autoproclamée du Nagorny Karabakh (Haut-Karabakh qu’aucun État membre de l’ONU ne reconnaît) qui vient de relancer la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan serait-elle un nouveau terrain d’affrontement entre Paris et Ankara ? Si pour à la rédaction de ces lignes aucun affrontement verbal ou armée entre la France de Macron et la Turquie de Erdogan n’est remonté en surface par les médias, les observateurs suspectent une guéguerre latente entre ces deux poids lourds de l’OTAN, chacun se rangeant du côté de son protégé. Une chose est sûre : A l’instar du Liban, la France tient à l’Aménie comme à la prunelle de ses yeux. Les relations entre la France et l’Arménie ont toujours été excellentes si bien que le massacre d’Arméniens vivant en Turquie entre 1915 et1923 est reconnu par Paris comme « génocide. » Ces relations remontent au XIIe siècle, du temps du royaume de Cilicie. En plus, vit dans l’Hexagone une importante et active diaspora arménienne qui occupe des potes-clés dans les médias et les cercles du pouvoir, sans perdre de vue que l’Arménie occupe une place spéciale dans au sein du monde chrétien puisqu’elle a été un allié des croisés.

Même son de cloche du côté turc : Les relations entre l'Azerbaïdjan à 95 % musulman et la Turquie ont toujours été très fortes. Les deux États s'étant mutuellement décrits comme « une seule nation, deux États ». La Turquie a été le premier État du monde à avoir reconnu l'indépendance de l'Azerbaïdjan à la suite de la dissolution de l'URSS en 1991. Ankara considère aussi que l’Arménie est un élément déstabilisateur dans la région du Caucase que traverse l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan. Mis en service en 2005, cet ouvrage transporte sur 1 776 km le pétrole brut du champ pétrolifère d'Azeri-Chirag-Guneshli sur la mer Caspienne jusqu'à la mer Méditerranée. Long de 440 km en Azerbaïdjan, de 260 km en Géorgie et enfin de 1076 km en Turquie, il tire son nom de la traversée de Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan ; de Tbilissi, capitale de la Géorgie ; et de Ceyhan, port du sud-est de la côte méditerranéenne turque. Avec sa longueur de 1 776 km, c'est le 2e plus long oléoduc du monde après l'oléoduc Droujba qui relie la Russie à l'Europe centrale.  C’est dire l’importance du Caucase pour la Turquie qui a grandement besoin du gaz pour son économie, d’où son entêtement à chercher des gisements gazifères en Méditerranée orientale malgré les vociférations de Chypre, de la France et de la Grèce.  

Ainsi 2 mois et demi après les premiers bruits de bottes signalant une prochaine escalade militaire, des affrontements ont à nouveau éclaté dimanche entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan sur cette région contestée du Haut-Karabakh qui s’est dissocié de l’Azerbaïdjan. Les 2 belligérants s'accusant mutuellement d'attaquer des civils, alors que des rapports font état de plusieurs morts. Ces deux anciennes républiques soviétiques voisines sont depuis longtemps en désaccord sur ce territoire situé à l'intérieur des frontières de l'Azerbaïdjan et qui a provoqué une guerre entre les deux ennemis jurés, qui s'est arrêtée en 1994. Bien que le conflit se soit terminé par un cessez-le-feu négocié par la Russie, les escarmouches militaires ne se sont jamais terminées entre les deux antagonistes. Alors que l'Arménie a déclaré qu'elle répondait aux attaques de missiles lancées par son voisin dimanche, l'Azerbaïdjan a accusé l'Arménie d'être responsable des affrontements en occupant ses terres. Des militaires et des volontaires se sont réunis à Erevan, en Arménie, dimanche après que le gouvernement arménien a imposé la loi martiale et sonné la mobilisation militaire générale.

Tandis que le Groupe de « Minsk » composé des États-Unis, la Russie et la France tente de jouer les médiateurs entre les belligérants, le ministre turc de la Défense a annoncé qu'Ankara allait soutenir l'Azerbaïdjan « avec tous ses moyens ». Erdogan a-t-il flairé une nouvelle tentative de couper les ailes la Turquie ?