Une décision jugée décevante par les partisans de la ligne dure contre Ankara.

Semblant de cohésion pour les 27, vengeance a minima pour Macron. Les dirigeants européens se sont entendus pour imposer des sanctions...

Semblant de cohésion pour les 27, vengeance a minima pour Macron. Les dirigeants européens se sont entendus pour imposer des sanctions à un nombre indéterminé de fonctionnaires et d'entités turcs impliqués dans des forages gaziers dans « les eaux territoriales chypriotes », mais ils ont reporté des décisions plus importantes telles que des tarifs douaniers ou un embargo sur les armes jusqu'à ce qu'ils aient consulté la prochaine administration Biden.

La décision prise par le Conseil de l'UE après des heures de débats passionnés a déçu les partisans de la ligne dure tels que la France, Chypre et la Grèce, qui avaient fait pression pour que des mesures plus urgentes et plus substantielles soient prises afin d'exprimer la désapprobation de l'UE à l'égard de la politique étrangère turque.

En revanche, le ministère turc des affaires étrangères a réagi au quart de tour vendredi dans un communiqué : « Nous rejetons cette attitude biaisée et illégitime figurant dans les conclusions du sommet de l'UE.» Et d’ajouter que les décisions prises lors du sommet des dirigeants de l'UE étaient « illégales » et « ont une fois de plus ignoré les Chypriotes turcs, qui sont copropriétaires de l'île de Chypre ».

Les noms des personnes faisant l'objet de sanctions seront publiés dans les prochaines semaines par Josep Borrell. Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a également accepté de préparer des propositions sur une approche plus large à l'égard de la Turquie d'ici mars, ce qui donnera à l'UE le temps de consulter l'équipe de sécurité nationale de Joe Biden. Sur un autre ordre d’idée, le président élu Joe Biden a qualifié le président turc Recep Tayyip Erdoğan d'autocrate, mais Ankara a fait semblant de ne pas avoir entendu, évitant de compromettre ses futures rapports avec la prochaine administration américaine.

« L'enjeu est très clair : la crédibilité de l'Union européenne » a déclaré le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, avant le sommet. Les diplomates grecs n'ont pas pu dissimuler leur déception. La France et la Grèce ont fait valoir que l'UE avait déjà convenu en octobre qu'elle imposerait des sanctions si le régime d'Ankara ne mettait pas fin à ses « provocations » et à sa « rhétorique agressive » dont les diatribes récurrentes contre Macron.

La France et la Turquie sont à couteaux tirés en Libye, où Erdoğan a envoyé des armes et des troupes pour aider le gouvernement de Tripoli (reconnu par l’ONU), une administration considérée par certains à Paris comme un front pour les Frères musulmans.

Le rôle de premier plan de la Turquie au sein de l'OTAN suscite également des inquiétudes dans certains milieux. L'invasion du nord-est de la Syrie et l'acquisition de missiles S-400 par la Russie gênent la France et aussi les États-Unis qui ont également sanctionné la Turquie sur ce point, mais le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a décrit la Turquie comme un allié important, toute comme l’Italie.

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