Le ministre du commerce et de l'industrie du Qatar, Mohammed Bin Hamad al-Thani (à gauche), et le vice-président indien, Venkaiah Naidu (à droite), participent à un forum d'affaires à Doha, le 5 juin.

Il a fallu moins de 24 heures à l'Inde pour sanctionner deux politiciens après qu'une controverse qui couvait au pays de Gandhi depuis...

Il a fallu moins de 24 heures à l'Inde pour sanctionner deux politiciens après qu'une controverse qui couvait au pays de Gandhi depuis plus d'une semaine ait attiré l'attention de ses partenaires commerciaux arabes et surtout le courroux centaines de millions de musulmans dans le monde notamment chez le voisin pakistanais.

Dernier rebondissement en date : Dimanche dernier. Ce jour, le parti au pouvoir en Inde, le Bharatiya Janata Party (BJP), a suspendu un porte-parole et expulsé un autre responsable après que des commentaires désobligeants sur le prophète de l'islam Mohammed aient provoqué un tollé dans les pays arabes. «L'Inde a été prise de court par la réponse», a déclaré Kabir Taneja, membre de l'Observer Research Foundation, un groupe de réflexion situé à New Delhi. « Les questions communautaires ne sont pas nouvelles en Inde et dans les cas précédents, nous n'avons pas eu une telle réponse [des États arabes].» Le 26 mai, la porte-parole du BJP, Mme Nupur Sharma, a fait des commentaires sur une chaîne d'information indienne à propos du prophète Mahomet qui ont été jugés offensants et islamophobes. Le Qatar, le Koweït et l'Iran ont convoqué les ambassadeurs de l'Inde, et le Conseil de coopération du Golfe, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l'Organisation de coopération islamique ont publié des déclarations condamnant les proposes islamophobes de Mme Sharma. Au moins une quinzaine de pays ont jusqu'à présent condamné les remarques.

Mme Sharma a déclaré sur Twitter qu'elle avait « dit certaines choses» en réponse aux commentaires faits sur un dieu hindou ». « Ce n’était jamais mon intention de blesser les sentiments religieux de quiconque.» s’est-elle défendue. Charmant.

« Si mes propos ont causé un malaise ou blessé les sentiments religieux de qui que ce soit, je retire sans condition ma déclaration », a-t-elle affirmé. La plupart des médias indiens qui ont couvert l'affaire n'ont pas cité directement les commentaires initiaux de Mme Sharma. Naveen Jindal, un dirigeant du BJP, a été exclu du parti pour des commentaires qu'il a faits sur l'Islam sur les médias sociaux, a déclaré le bureau du BJP.

Selon les analystes, le Premier ministre indien, Narendra Modi, s'est efforcé de satisfaire ses alliés musulmans internationaux tout en défendant le programme nationaliste hindou de son parti dans son pays. « Modi a fait tout son possible pour éviter que le programme de politique intérieure de son parti ne déborde et n'empoisonne les relations de l'Inde avec les États du Golfe », a déclaré Hasan Alhasan, chercheur à l'Institut international d'études stratégiques, basé à Bahreïn, qui étudie la politique étrangère indienne dans le Golfe. « La mesure dans laquelle les commentaires de Sharma ont assombri les relations de l'Inde avec les États du Golfe est sans précédent, et cela bien sûr parce qu'elle est, ou était, la porte-parole du BJP.» Kabir Taneja a déclaré que le gouvernement indien a réalisé que beaucoup de rhétorique religieuse « a eu lieu pendant un certain temps et est passé inaperçu, mais il n'en sera plus ainsi. » Le hashtag « Tout sauf le prophète, oh Modi » était en vogue sur Twitter dans les six pays du Golfe, et jusqu'en Afrique du Nord, avec des appels au boycott des produits indiens. Le grand mufti d'Oman, le cheikh bin Hamad Al-Khalili, principale figure religieuse du pays, a qualifié les commentaires de Mme Sharma de « guerre contre tous les musulmans » et d'une affaire qui « appelle tous les musulmans à se lever comme une seule nation».

Des représentations offensantes du prophète de l'islam ont, par le passé, entraîné des boycotts massifs, des crises diplomatiques, des émeutes et même des attaques terroristes.

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