L’assassinat raciste lundi d’un père de famille américain-africain de 46 ans par la police de Minneapolis...

L’assassinat raciste lundi d’un père de famille américain-africain de 46 ans par la police de Minneapolis dans le Minnesota qui a commis le péché d’avoir  donné un faux billet de 20 dollars à un commerçant en pleine crise du Covid-19 qui a appauvri davantage une minorité noire déjà assez pauvre n’est pas le premier ni le dernier du genre mais il est incontestablement la goutte qui a fait déborder le vase. À cause d’une « injustice flagrante car les quatre policiers impliqués dans la mort de George Floyd ont d'abord tous été relâchés » avant que l’officier qui a strangulé avec son genou le malheureux George ne soit arrêté et poursuivi pour meurtre de 3e degré (homicide involontaire) 6 jours après le drame (*) ; d’où un tsunami de manifestations contre une police raciste et violente et contre ce meurtre qui a gagné plusieurs villes des Etats-Unis ou ni les couvre-feux ni la menace de l’envoi de l’armée par le président Trump n’a arrêté et ce même si plusieurs officiers de police de Minneapolis ont fait publiquement amende honorable. En effet ces violences ont continué et gagné en ampleur plusieurs jours après la mort de Floyd : incendie de magasins, de voitures, invasion de la Trump Tower à Chicago, accrochages avec la police dont le secret service qui garde la Maison Blanche (que des protestataires coléreux ont essayé d’envahir samedi), sont sans commune mesure avec les précédentes manifestations également provoquées par la mort d’Afro-Américains entre les mains d’une police que les défenseurs des droits de l'homme accusent de pratiquer un racisme systémique anti-Noirs.

« Des meurtres d'hommes noirs, comme l'affaire Trayvon Martin en 2012, la mort d’Éric Garner en 2014 lors d'une interpellation - qui a, comme George Floyd, alerté qu'il ne pouvait pas respirer aux policiers - ou encore celle de Michael Brown à Ferguson la même année. », rappelle Jean-Éric Branaa, spécialiste de la politique américaine, dans une interview à L’express du 31 mai.

Deux homicides commis sous le deuxième mandat de Barack Obama, le premier président des Etats-Unis d’origine africaine, sans que la colère de la communauté noire ne dépasse les murs de la Maison Blanche comme c’est le cas sous Donald Trump. Pourquoi ce paradoxe ?

Tout d’abord parce que contrairement à son  successeur blanc, Obama n’a jamais osé ordonner ouvertement à la police anti-émeute de tirer sur les manifestants ni menacé d’envoyer l’armée aux protestataires ou  de désigner comme organisation terroriste les Antifa (groupes se réclamant de l'antifascisme). Un comportement qui peut sembler suicidaire de la part d’un candidat pour un second mandat à cinq mois des élections présidentielles. Mais Trump a senti que cette fois il y a sérieusement péril en la demeure. À peine  est-il sorti presque indemne de l’épreuve de l’impeachment  déclenchée par « les méchants démocrates » qu’il s’est englué dans la mélasse de l’épidémie Covid-19 qui a fait dans son pays,  au jour du  30 mai, 160 fois plus de morts qu’au Bangladesh, très pauvre État de 168 millions d’habitants ! Mais ce n’est pas tout : l’épreuve de Minneapolis tombe au mauvais moment, au même temps où il décide des sanctions contre la Chine à laquelle il reproche de préparer une loi liberticide sur Hong-Kong ! C’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité. Et but not least des désaccords sur la manière de gérer la crise George Floyd au sein de la corpo des conseillers en sécurité  du président.

Selon plusieurs sources bien informées, Donald Trump a été invité par certains de ses conseillers à s'adresser officiellement à la nation et à appeler au calme, tandis que d'autres ont déclaré qu'il devrait condamner les émeutes et les pillages avec plus de force ou risquer de perdre des voix au milieu de la route pour les élections en novembre. Finalement il prononcera lundi un discours musclé où il a sommé les gouverneurs et les maires de prendre les mesures nécessaires pour contrôler les manifestations réclamant justice pour George Floyd sinon il enverrait l'armée. Ensuite il  s’est rendu à pied dans une église juste en face de la Maison Blanche, après avoir fait évacuer les protestataires qui lui bloquaient la route, pour une séance photo en solo, la Bible à la main !

(*) : Mercredi 3 juin les charges retenues contre l’officier Derek Chauvin ont été requalifiées en meurtre de 2e degré et les quatre policiers inculpés qui l’accompagnaient ont tous été inculpés pour complicité de meurtre au 2e degré et de complicité d'homicide involontaire.

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