L’ONU met fin à la mission de maintien de la paix au Mali

Légende : Des soldats de la paix du contingent nigérien de la MINUSMA assurant la sécurité dans l'est du Mali/MINUSMA/Harandane Dicko.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a voté vendredi à l’unanimité la fin d’une mission de maintien de la paix de dix ans au Mali, après que la junte militaire de ce pays d’Afrique de l’Ouest a brusquement demandé à la force de 13 000 hommes de quitter les lieux, une décision qui, selon les États-Unis, a été orchestrée par le groupe mercenaire russe Wagner.

La fin de l’opération, connue sous le nom de MINUSMA, fait suite à des années de tensions et de restrictions gouvernementales qui ont entravé les opérations aériennes et terrestres de maintien de la paix depuis que le Mali s’est associé en 2021 au groupe russe Wagner, qui a été à l’origine d’une mutinerie armée avortée en Russie il y une dizaine de jours.

Les forces de maintien de la paix de l’ONU jouent un rôle essentiel dans la protection des civils contre une insurrection islamiste qui a fait des milliers de morts. Certains experts craignent que la situation sécuritaire ne s’aggrave avec le départ de la mission, laissant l’armée malienne sous-équipée avec environ 1 000 combattants de Wagner pour combattre les militants qui contrôlent des pans de territoire dans le nord et le centre désertique du pays.

Les 15 membres du Conseil ont adopté une résolution rédigée par la France demandant que la mission commence samedi « la cessation de ses opérations, le transfert de ses tâches, ainsi que la réduction et le retrait ordonnés et sûrs de son personnel, avec l’objectif d’achever ce processus d’ici au 31 décembre 2023 ».

Alors que le Conseil de sécurité votait, la Maison Blanche a accusé le dirigeant de Wagner, Evgueni Prigojine, d’avoir aidé à organiser le départ des soldats de la paix de l’ONU du Mali, et a déclaré qu’elle disposait d’informations indiquant que les autorités maliennes avaient versé plus de 200 millions de dollars à Wagner depuis la fin de l’année 2021.

« Ce qui est moins connu, c’est que Prigojine a aidé à organiser ce départ pour favoriser les intérêts de Wagner », a déclaré à la presse le porte-parole de la Maison Blanche pour la sécurité nationale, John Kirby. « Nous savons que de hauts responsables maliens ont travaillé directement avec des employés de Prigojine pour informer le secrétaire général de l’ONU que le Mali avait révoqué son consentement à la mission de la MINUSMA. L’ambassadrice adjointe de la Russie à l’ONU, Anna Evstigneeva, a déclaré au Conseil de sécurité que le Mali avait pris une « décision souveraine ». « Nous souhaitons confirmer notre soutien à Bamako dans son aspiration à assumer pleinement ses responsabilités et à jouer un rôle de premier plan dans la stabilisation de l’État malien », a-t-elle déclaré. « La Russie continuera à fournir un soutien global au Mali pour normaliser la situation dans ce pays sur une base bilatérale.

Le gouvernement malien a pris note de l’adoption de la résolution et « veillera avec vigilance au respect » du calendrier de retrait, a déclaré au Conseil de sécurité l’ambassadeur du Mali à l’ONU, M. Issa Konfourou.

« Le gouvernement regrette que le Conseil de sécurité continue de considérer la situation au Mali comme une menace pour la paix et la sécurité internationales », a déclaré M. Konfourou. « Le Mali reste ouvert à la coopération avec tous les partenaires qui souhaitent travailler avec lui, sous réserve du respect des principes directeurs de la politique de l’État.

La MINUSMA doit, jusqu’au 30 septembre, « dans son voisinage immédiat », répondre aux menaces imminentes de violence contre les civils et contribuer à l’acheminement de l’aide humanitaire en toute sécurité et sous l’égide des autorités civiles.

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