Des opposants à la proposition de loi « sécurité globale » manifestent, le 17 novembre 2020, à Paris. © Stéphane de Sakutin, AFP.

Trois semaines après avoir mordicus réaffirmé le principe de la liberté d’expression sur la chaîne émettant de Doha ...

Trois semaines après avoir mordicus réaffirmé le principe de la liberté d’expression sur la chaîne émettant de Doha Al Jazeera, le président français Emmanuel Macron a douché une partie de la population française par un projet de loi jugé liberticide par ses pourfendeurs. S’estimant trahis ils le font savoir en descendant dans la rue où leurs démonstrations de force rappellent les plus beaux jours du Mouvement des Gilets jaunes. Des milliers de personnes ont donc manifesté samedi dans les principales villes de France pour protester contre la nouvelle loi sur la sécurité globale préparée par le gouvernement Castex. Des manifestations ont eu lieu à Paris, Marseille, Lille, Rennes, Montpellier…

Vendredi, le projet de loi a été partiellement approuvé. Il prévoit dans son article 24 des sanctions pour la diffusion d'images des forces de sécurité, ce qui a été critiqué par les associations de journalistes et la société civile, auxquelles se sont joints les principaux partis et syndicats de gauche pour soutenir les manifestations (Parti communiste français, Front des travailleurs, Nouveau parti anticapitaliste). La semaine prochaine, l'approbation finale de la mesure sera votée. Pendant les manifestations, des banderoles avec des slogans tels que «Orwell avait raison», «Baissez vos armes, nous baisserons nos téléphones», «Une caméra n'a jamais tué personne» ou « Sécurité globale, impunité totale». Le ministre de l'intérieur, Gerald Darmanin, et les syndicats de la police ont fait valoir que l'initiative vise à « protéger ceux qui protègent». Mais la réponse a commencé mardi dernier et depuis lors, plusieurs journalistes ont été détenus. Plus précisément, la nouvelle loi prévoit des peines allant jusqu'à un an de prison et 45 000 euros d'amende pour la publication d'images d'agents des forces de sécurité dans le but de nuire au bien-être physique ou mental des agents.

Tout aussi controversé est l'article qui autorise les forces de sécurité à porter leur arme de service même lorsqu'elles ne sont pas en service si elles se trouvent dans un bâtiment public, un changement qui répond à des attaques comme celle de la salle de concert du Bataclan en novembre 2015 où 90 personnes sont mortes, dont trois policiers qui n'ont pas pu intervenir. Par ailleurs, 33 personnalités ayant voté pour Emmanuel Macron en 2017 lui ont demandé dimanche 22 novembre de retirer ses projets sur la « sécurité globale » et contre les « séparatismes», qui à leurs yeux font «reculer les libertés d’information, d’opinion, de croyance, d’éducation, d’association, de manifestation et de contestation» « Monsieur le président, nous n’avons pas voté pour ça » : cet appel publié dimanche par Mediapart est signé de personnalités très diverses de la société civile. Parmi elles, l’avocat William Bourdon, le cinéaste Costa-Gavras, la dramaturge et cinéaste Ariane Mnouchkine, le politologue Olivier Roy, le député et mathématicien Cédric Villani ou encore l’ex-footballeur Lilian Thuram, président de la Fondation Éducation contre le racisme.

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