L'armée française a affirmé, le 22 avril 2022, avoir filmé des mercenaires russes en train d'enterrer des corps près de la base de Gossi, au Mali, après le départ des troupes françaises. (HANDOUT / FRENCH ARMY GENERAL STAFF / AFP).

L’annonce via un tweet diffusé le 20 avril par un certain « Dia Diarra » de la découverte d'un charnier près de la base militaire de...

L’annonce via un tweet diffusé le 20 avril par un certain « Dia Diarra » de la découverte d'un charnier près de la base militaire de Gossi que l’armée française a remise au nouveau régime militaire malien le 19 avril dernier a eu l’effet d’un séisme, d’autant plus que l’information est tombée en pleine guerre en Ukraine. Accusée d’être le responsable de ce cimetière de fortune où ont été enterrés des centaines de civils maliens la France en attribue la responsabilité à des mercenaires russes du groupe privé Wagner qui selon les Français se sont emparé de cette base, qui accueillait 300 soldats français, en moins de 24 heures. Pour étayer ces accusations, l'armée française a affirmé le 22 avril avoir filmé par drone des mercenaires russes en train d'enterrer des corps près de cette base.

D'après l'état-major français, cette manœuvre a pour but d'accuser les Français, en plein retrait du pays, d'avoir laissé un charnier derrière eux. Les Nations unies qui ont dépêché des enquêteurs sur le site en question se déclarent « extrêmement préoccupées » par le fait que le Mali les a empêchés de se rendre dans une ville où des troupes locales et des combattants russes présumés auraient tué des centaines de civils, a déclaré mercredi 20 avril l’ONU. Selon un rapport de Human Rights Watch, au moins 300 hommes auraient été exécutés sommairement lors d'un raid mené du 27 au 31 mars à Moura, une ville d'environ 10 000 habitants infiltrée par des militants islamistes.

Les survivants ont déclaré que des mercenaires blancs, soupçonnés d'être des Russes, ont pris part au massacre qui a suscité un tollé international et incité les Nations Unies à ouvrir une enquête. Le Mali a nié ces allégations, affirmant qu'il avait mené une opération professionnelle pour attaquer les insurgés à Moura, et qu'il procéderait à sa propre évaluation. « Nous sommes extrêmement préoccupés par le fait que les autorités maliennes n'ont toujours pas accordé l'accès aux enquêteurs des droits de l'homme de l'ONU », a déclaré le porte-parole de l'ONU, Seif Magango, dans un communiqué.

La junte qui a renversé le gouvernement malien lors d'un coup d'État militaire en été 2020 a sollicité l'aide de combattants privés appartenant au groupe russe Wagner, accusé de commettre des exactions dans d'autres pays et sanctionné par l'Union européenne. Le Mali et la Russie ont précédemment déclaré qu'il ne s'agissait pas de mercenaires mais de formateurs aidant les troupes locales avec des équipements achetés en Russie. Le gouvernement russe nie tout lien avec Wagner.

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