Mike Pompeo en visite à Jérusalem le 24 août 2020 / Debbie Hill / Reuters.

Le secrétaire d’État Mike Pompeo ne rate aucune occasion pour parler et reparler des « Accords d’Abraham » annoncés...

Le secrétaire d’État Mike Pompeo ne rate aucune occasion pour parler et reparler des « Accords d’Abraham » annoncés le 13 août  dernier entre Israël et les Émirats arabes unis, et signés pompeusement le 15 septembre à Washington entre État hébreu, les Émirats et Bahreïn, ce dernier ayant rejoint le duo après avoir obtenu le feu vert de son parrain saoudien.

Pompeo qui peine à convaincre d’autres pays arabes de rejoindre le club alors que la date fatidique de l’élection présidentielle du 3 novembre approche avale son chapeau en se déclarant optimiste quant à ce que davantage de capitales arabes emboîteront le pas à Abu Dhabi et Manama. Des pays comme le Soudan, le Koweït, le Maroc, le sultanat d’Oman et l’Arabie saoudite sont évoqués dans les médias. Mais le problème n’est pas de savoir qui va plonger le premier parmi ces candidats. Il est beaucoup plus sérieux. Pompeo qui conduit la diplomatie de la première puissance militaire et économique du monde semble ignorer l’histoire récente du conflit séculaire opposant le monde arabe et Israël. Rien que pendant ces dernières semaines, pour ne pas remontrer plus loin dans le temps, Pompeo a répété à qui veut l’entendre qu’il demeure optimiste et que très prochainement d’autres pays arabes reconnaîtront le droit d’Israël à exister ! A notre connaissance presque la quasi-totalité des pays membres de la Ligue arabes a reconnu le droit d’Israël à exister, et c’était il y a 38 ans lors de l’historique sommet de Fès au Maroc. « Pour la première fois depuis la création d'Israël en 1948, qui a donné lieu à cinq guerres, dont la dernière vient de se dérouler au Liban, le monde arabe accepte officiellement de reconnaître l'existence de État hébreu, à condition que celui-ci reconnaisse de son côté un État palestinien qui aurait pour capitale Jérusalem. Tel est le principal résultat du douzième sommet arabe, qui a pris fin jeudi 9 septembre avec vingt-quatre heures de retard sur l'horaire initialement prévu. » écrivait l’excellent journaliste feu Paul Balta dans le journal Le Monde du 11 septembre 1982. Et ce n’est pas tout.

Vingt ans plus tard, Riyad lance son initiative basée sur le sommet de Fès. Le plan Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud «stipule une normalisation des relations d’Israël avec tous les pays arabes, en échange d’un retrait des territoires occupés par État hébreu depuis 1967, notamment le plateau du Golan et le secteur des fermes de Chebaa au Sud-Liban, de la création d’un État palestinien avec Jérusalem-est pour capitale et d’un règlement +équitable et agréé+ de la question des réfugiés palestiniens conformément à la résolution194 de l’Assemblée générale de l’ONU.» Une main tendue rejetée aussitôt par le premier ministre israélien de l’époque, l’héros sans gloire du pogrom de Sabra et Chatila, perpétré du 16 au 18 septembre 1982 envers des Palestiniens du quartier de Sabra et du camp de réfugiés palestiniens de Chatila situés à Beyrouth-Ouest par les milices chrétiennes des Phalangistes lors de la guerre civile libanaise et l'intervention israélienne au Liban. La vérité est que si Israël voulait vraiment la paix comme il le claironne il la voudrait alors gratis sans céder un iota de terre arabe qu’il a spoliée. Moralité : avec la diplomatie à la pompeo bientôt le monde arabe demandera que son existence soit reconnue par Israël.

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