Vladimir Poutine dans un bureau de vote le mercredi 1er juillet 2020.

Sans surprise, le vœu du président Vladimir Poutine de rester au pouvoir jusqu'au milieu de la prochaine décennie...

Sans surprise, le vœu du président Vladimir Poutine de rester au pouvoir jusqu'au milieu de la prochaine décennie a été exaucé par voie référendaire le mercredi 1er juillet.  Les Russes ont voté à une écrasante majorité en faveur de la réforme de la Constitution qui renforce les prérogatives de M. Poutine, autrement dit en faveur du statu quo politique du pays.

À vrai dire la campagne électorale officielle a peu abordé les véritables enjeux du référendum et ses objectifs, le présentant comme un retour aux valeurs familiales d'antan, thème qui plaît aux électeurs conservateurs honnissant certaines valeurs occidentales comme le mariage entre deux personnes du même sexe.

« Notre pays, notre constitution, notre décision » était le slogan du bulletin d'information expliquant la réforme constitutionnelle aux électeurs. La brochure énonce une série d'amendements, y compris une disposition qui définit le mariage strictement comme une « union d'un homme et d'une femme ».

Mais la brochure passe sous silence un point essentiel : Les modifications apportées à la constitution ont effectivement remis à zéro la limitation des mandats de Poutine, lui permettant de solliciter deux autres mandats de six ans lorsque sa présidence prendra fin en 2024.

Il n'est donc pas surprenant que le gouvernement ait déployé un effort considérable pour faire voter la réforme, avec un objectif clair : faire en sorte que le public approuve sans réserve le changement constitutionnel. C’est désormais chose faite. Selon des résultats quasi définitifs, 78 % des électeurs russes se sont prononcés pour la réforme, c’est-à-dire pour que l’actuel président demeure en fonction  jusqu’en 2036. Une victoire  retentissante qui n’aurait pas été obtenue sans quelques cas d’enfreinte aux règles du fair-play politique.

« Pendant toute la période de vote, des violations graves qui auraient nécessité une procédure de la Commission électorale centrale n'ont pas été constatées ».

Les premiers résultats à l’issue du dépouillement d’environ 50 % des bulletins de vote, qui donnaient déjà le oui  gagnant à 76,24 %, rappellent ceux de l'élection présidentielle de 2018, où Poutine a assuré sa réélection après le comptage des trois quarts des bulletins de vote. À l'époque comme aujourd'hui, Poutine avait l’avantage de l'exercice du pouvoir et le contrôle des médias d'État peu enclins aux débats francs et ouverts sur la politique intérieure.

Néanmoins, la popularité du Tsar des temps modernes est bien une réalité, bien qu'elle ait été un peu ébranlée par le coronavirus qui a fait des ravages en Russie.

Ayant fait ses premiers pas au sein de l’armée et le  FSB (ex-KGB), Poutine connaît bien les Russes et leur patriotisme dont il sait faire vibrer la corde sensible à son avantage.

Exemple récent :  la veille du vote, le président russe est apparu dans un message vidéo devant un émouvant nouveau monument érigé à la mémoire des soldats soviétiques tués pendant la seconde guerre mondiale. « Ils se sont battus pour que nous puissions vivre en paix, travailler, aimer, créer de la valeur et nous sentir fiers de la Russie, un pays avec une civilisation unique et une grande culture qui unit les destins, les espoirs et les aspirations de nombreuses générations de nos ancêtres », a-t-il déclaré. Tout est dit. En 2036, Poutine aura 84 ans.

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