Emmanuel Macron et le Premier ministre australien Malcolm Turnbull sur un sous-marin de la Royal Australian Navy, Sydney le 2/5/18. Photo : Ludovic Marin/pool/ABACAPRESS.COM

Ce que Trump disait tout haut, son successeur Biden le fait tout bas. C’est un peut ce que l’on comprend en écoutant les déclarations...

Ce que Trump disait tout haut, son successeur Biden le fait tout bas. C’est un peut ce que l’on comprend en écoutant les déclarations de colère de Paris portées publiquement, haut et fort,  par son chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian. En clair pour Paris Biden et Trump c’est du kif-kif au même. De quoi s’agit-il exactement ?

Il ne s’agit pas d’une banale bisbille passagère comme il en arrive souvent entre Etats alliés ? Cette fois la France a franchi le rubicon en rappelant ses ambassadeurs aux États- Unis et en Australie pour des consultations vendredi. Une première dans l’histoire entre la France et ses deux Etats partenaires et alliés. Raison ?  Un accord sur la technologie des sous-marins négocié secrètement entre les États-Unis, l'Australie et la Grande-Bretagne. Cet accord s’est soldé notamment par l’annulation d’un gros contrat à 50 milliards d’euros portant sur la livraison par Paris à Canberra de 12 sous-marins à armement conventionnel et propulsion diesel.

A la place l’Australie à opté pour des submersibles américains à armement conventionnel mais à propulsion nucléaire. Nuance d’importance. Et c’est là où le bât blesse. Dans un communiqué, le ministre français des Affaires étrangères, Le Drian, a déclaré que la décision de rappel des ambassadeurs avait été prise « à la demande du président [Emmanuel] Macron » et qu'elle reflétait « une gravité exceptionnelle ». M. Le Drian avait auparavant comparé la décision des États-Unis à quelque chose que « M. Trump ferait ». La décision de l'administration Biden de partager la technologie sensible des sous-marins à propulsion nucléaire avec l'Australie, qui a été annoncée mercredi 15 septembre, a donc mis hors de lui Maroc et son gouvernement, surtout que dans moins de 7 mois aura lieu le premier tour des élections présidentielles où en plus de l’immigration, la sécurité et la place de la France dans le monde et son rayonnement constituent les thèmes majeurs.

Ce coup de Jarnac américain aussi brutal qu’inattendu est-il de nature à affaiblir le candidat Macron au profit des souverainistes tels que Marine Le Pen, Xavier Bertrand et Michel Barnier pour ne citer que ces deux candidats? Peut-être bien ? Mais une chose est sûre : La réplique de la diplomatie française a été inhabituelle par sa franchise publique. Dans une interview, l'ambassadeur de France en Australie a accusé Canberra de s'être livré à « des mensonges et à la trahison » pendant 18 mois. Un gala organisé vendredi soir à l'ambassade de France à Washington, qui devait commémorer l'assistance navale de la France aux forces américaines pendant la guerre d'Indépendance, a été brusquement annulé. Pour nombre d’observateurs avertis la décision de Washington n’a rien de personnel en ce sens que la priorité des priorités pour l’administration de Biden est la Chine si bien que pour contrer l’Empire du Milieu Washington a besoin d’alliés « fiables » dans la zone indopacifique, en l’occurrence la Grande-Bretagne et l’Australie. Non pas parce que la France et les autres poids lourds de l’Union européenne ne son pas dignes de confiance mais ces derniers considèrent la Chine comme une menace mais pas un ennemi.  Pas suffisant pour Washington semble-t-il.

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