La ministre de l’Économie et des Finances Nadia Fettah Alaoui a reçu une équipe du Canard pour l’entretenir de ses grandes préoccupations du moment…  

On ne vous entend pratiquement plus alors que votre poste de ministre de l'Économie et des Finances suppose tout le contraire, surtout en ces temps inflationnistes et de crises multiformes…

Mais si si, je parle, il faut juste bien tendre l’oreille pour m’entendre. Récemment, j’ai réagi au Parlement sur un sujet de grande importance portant sur l’accélération du processus de récupération de l’argent public détourné par divers responsables pris la main dans le sac. J’ai même appelé au renforcement des mécanismes pour une meilleure mise en application de la stratégie nationale de lutte contre la corruption.

Mais encore ?

J’ai aussi eu le courage politique de réclamer l’élaboration d’un projet de loi relatif à la création de l'Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués. Cette entité aura pour mission d’exécuter les jugements rendus en faveur de l’État dans les dossiers des délits financiers. J’ai également osé interpeller le gouvernement sur la nécessité de restructurer l’Agence judiciaire du Royaume (AJR) et d’élargir ses prérogatives afin d’accompagner et de relever les défis actuels concernant la protection des deniers publics. Vous voyez, je suis une ministre qui travaille lentement mais sûrement en veillant surtout à la préservation de l’argent public de la rapacité politique.

Mais en quoi votre plaidoyer va-t-il changer en mieux le quotidien des citoyens qui pèse des tonnes à cause la vie chère et de l’inflation ? En tant que ministre de l’Économie et des Finances, vous êtes plutôt attendue sur ces questions de haute importance ?

La politique n’est pas mon truc. Les menaces sur la paix sociale non plus.  Je laisse ça aux experts de la politique politicienne.  En ma qualité de ministre responsable de la restitution de l’argent détourné, j’ai du pain sur la planche et c’est important pour remplir les caisses de l’État vidées justement par les subventions de plus en plus considérables du gaz butane, le blé et des transporteurs…

Le peuple des démunis est durement impacté par la spirale infernale des hausses tous azimuts du carburant et des denrées alimentaires. Comment atténuer cette surchauffe des prix sans précédent et protéger réellement le pouvoir d’achat des plus fragiles ?

Comme je suis de nature zen, j’ai en horreur les contextes de tension et de conflit qui me donnent la chair de poule. Quant à la hausse des prix, je n’ai aucun pouvoir pour les faire baisser. C’est pour cela que j’invite les démunis à la patience et à la résilience et pour les encourager sur cette voie je compte lancer le Prix de l’endurance sociale.

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