Mohamed Amekraz, ministre de l’Emploi
Saliha Toumi
18.2.2021 3:12

Une équipe du Canard a rencontré le ministre de l’Emploi, le PJD Mohamed Amekraz, dans la foulée de la tragédie de l’atelier...

Une équipe du Canard a rencontré le ministre de l’Emploi, le PJD Mohamed Amekraz, dans la foulée de la tragédie de l’atelier de textile informel de Tanger. Estimant que sa responsabilité politique et morale n’est pas engagée, il ne file pas du mauvais coton.

L’atelier clandestin textile de Tanger n'est pas aussi clandestin que ça puisqu’il était régulièrement contrôlé par les inspecteurs du travail…

Tissu de mensonges : Tout ça a été tricoté par mes adversaires habituels qui ne savent pas faire dans la dentelle.

Ne vous sentez-vous pas responsable ne serait-ce que moralement ?

Responsable de quoi ?


De  la mort par noyade dans un sous-sol d’une villa de 29 ouvrières et ouvriers du textile informel à Tanger…

Bien sûr que cette tragédie m’a bouleversé et attristé comme tous les Marocains. Comme quoi, l’informel fait vivre mais peut aussi tuer… C’est le principal enseignement de cette catastrophe.


Reconnaissez-vous votre responsabilité morale en tant que ministre de l’Emploi dans ce qui est arrivé ? Ne pensez-vous pas que vous devriez  démissionner?

Moi démissionner ? Jamais de la vie.  Mais ce n’est pas moi qui ai tué ces pauvres gens dont j’ignorais jusqu’à l’existence. C’est la faute aux fortes pluies. En plus, c’est leur destin de mourir ce jour-là… Leur heure a sonné…Ils ne pouvaient pas  en réchapper…


Donc, j’y suis, j’y reste, pour le meilleur et pour le pire ?  

Au Maroc un  ministre au ça ferme sa gueule, ça s’accroche et ça démissionne pas. Et c’est un principe sacro-saint, observé jusqu’ici par tous les responsables, que j’ai respecté à la lettre. Or, la démission participe d’une véritable culture démocratique. Au Maroc, nous préférons le cramponnement aux postes quelle que soit la situation…


S’accrocher au pouvoir relève pour vous d’une forme de résistance ?  

Oui, c’est de la résistance à toutes les tentations y compris celle d’abandonner son poste- que je considère pour ma part  comme un cadeau de Dieu- au profit d’un autre qui ne le mériterait pas. C’est une grande qualité d’être une classe de résistants au changement qui mène au statu quo…


On comptait sur le PJD pour rompre avec ces pratiques et d’introduire une certaine éthique en politique. Non ?

Il faut mettre à jour vos informations. Le PJD dont vous parlez est mort et enterré depuis qu’il a quitté les travées de l’opposition, où il réglait sans coup férir les problèmes du pays  les plus complexés à coups d’envolées  démagogiques… Le PJD au pouvoir c’est entre le gris et le noir…


Le nouveau PJD  

Complexés par notre incompétence chronique, et fragilisés par nos petits scandales de mœurs et d’argent, on s’est pour ainsi dire assagis et devenus même dociles. Prenez Mustapha Ramid par exemple : Entre le Ramid de l’opposition et celui du confort du pouvoir, y a pas photo. Le grande gueule qu’il était est devenue aussi gentille qu’un agneau.


Mais le loup est dans  la bergerie…

Je vous jure que dans la bergerie islamiste il n’y a plus que des moutons et des agneaux…

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