Le jeune Mustapha Baitas qui porte chaque jeudi la bonne parole du gouvernement reçoit le Canard en ce début de Ramadan pour aborder quelques  sacrés  sujets.

A quelques jours du Ramadan, certains légumes ont retrouvé  leurs prix record d’il y a quelques semaines, la tomate à 12 DH le kilo et les oignons à 14 DH. Les Marocains ont été surpris par cette nouvelle envolée. Pas vous ?


Vous savez, rien ne me surprend plus dans ce contexte d’inflation normalisée. Il faut que les populations apprennent à vivre et regarder le bon côté des choses.


Mais encore ?


Le bon côté des choses c’est l’abondance. Abondance de l’offre ramadanienne. Tout ce dont raffole le Marocain lambda est disponible en grandes quantités  : Chebbakia, miel, féculents pour la harira, crêpes farcies, dattes, figues sèches, viandes rouges et blanches, fruits et légumes.


Mais c'est le pouvoir d'achat qui est faible et qui s'érode sous le coup des hausses à répétition…


Je soupçonne les Marocains d’être des petits malins qui feignent la crise mais quand il s’agit de s’empiffrer ils ont l’argent qu’il faut. La preuve, personne ne meurt de faim au Maroc. Et puis, le Ramadan c'est le mois de l'abstinence et de la modération qui doit en principe favoriser des économies et non des dépenses extravagantes.  


Tout va bien donc dans le meilleur des mondes …


Tout ne va pas bien. Mais en tant que gouvernement, nous avons fait notre travail, bien achalander les marchés et combattre la spéculation et les hausses injustifiées par le contrôle des prix chez les commerçants.


Et les principaux responsables du renchérissement des prix des denrées alimentaires que sont les intermédiaires ?


Tout le monde accuse les intermédiaires en les accablant de tous les maux.  Mais ces derniers sont  puissants, difficiles à débusquer et donc à combattre  car organisés en entités qui opèrent dans l’underground.


Résultat : Les contrôleurs  des  prix ont fait des descentes auprès des petits marchands qui travaillent au grand jour…


Tout à fait. Le business formel a un prix et il faut accepter de le payer dans le cadre des campagnes de contrôle saisonnières.


Saisonnières ?


Ces campagnes ont toujours fonctionné dans la saisonnalité. Pourquoi voulez-vous que ça change aujourd’hui ?


Donc,  pas de solution gouvernementale pour la vie de plus en plus chère ?


Le gouvernement a fait ce qu’il fallait en subventionnant les transporteurs et en soutenant le prix du pain et de la bonbonne de gaz. On ne va pas quand même distribuer de l’argent aux gens...


Sous d’autres cieux, les gouvernements ont face à l'inflation et soutenu le pouvoir d’achat via des chèques  alimentaires. Pourquoi pas un chèque harira pendant  le ramadan en attendant l’entrée en vigueur du fameux  registre social unifié ?


Impossible. Soutenir ce projet, ce  serait raconter des salades que les Marocains ne consomment pas pendant ce mois sacré de toutes les inflations…

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