Une équipe du canard s’est entretenue avec la ministre de l’Économie et des Finances Nadia Fettah Alaoui après l’adoption de la première...

Une équipe du canard s’est entretenue avec la ministre de l’Économie et des Finances Nadia Fettah Alaoui après l’adoption de la première partie du PLF 2022 par la Commission des Finances et du Développement économique.

Donc tout va bien dans le meilleur des mondes !  Les marchés sont assez achalandés et approvisionnés en différentes victuailles…

Oui. C’est ce que j’ai pu apprendre, à ma grande satisfaction, suite à une réunion avec les représentants de l’intérieur, de l’agriculture, de la pêche maritime, du commerce et de l’industrie ainsi que du Haut-commissariat au Plan. Pas de risques de ventres creux au Maroc qui croule sous les produits alimentaires de différentes sortes… Que veut le peuple… ?


Mais le peuple se plaint non pas de l’abondance de l’offre alimentaire mais de la flambée des prix…

Mais la hausse des prix ou leur baisse n’est pas mon affaire.  Nous subissons une tension importante exercée par les marchés internationaux des matières premières que le gouvernement tente de contrebalancer par la suspension des droits de douane sur les importations du blé et des légumineuses.


Mais cette envolée spectaculaire des prix a contribué à l’érosion du pouvoir d’achat déjà très faible d’une bonne partie de la population…

Je sais que les plus démunis souffrent à cause de la vie de plus en plus chère. Personnellement, je compatis et partage leur souffrance. Mais ceux-là doivent s’estimer heureux de vivre dans un pays vacciné contre les pénuries alimentaires qui frappent bien des pays comme l’Algérie. Ces Marocains-là ne risquent pas de mourir de faim puisqu’ils ont la possibilité d’améliorer leur pouvoir d’achat à crédit.


Après le crédit immobilier et électroménager, bonjour le crédit alimentaire ? Vous parlez sérieusement ?

Absolument. Le crédit facilite la vie; il permet de payer les échéances, de différer les paiements, d’acheter ce qu’on veut et de créer l’illusion de la richesse. Manger à crédit est le nouveau produit bancaire qui risque de faire engraisser encore plus les banques dans un monde de plus en plus instable, imprévisible. Et qui fait peur.


A propos de peur, qu’est-ce que vous craignez le plus ?

Que je reste ministre pour plusieurs mandats encore et que je deviendrai une retraitée du pouvoir. C’est le métier le plus difficile et ingrat que je connaisse.  J’étais vacancière en pension complète dans le gouvernement précédent en tant que ministre du Tourisme et voilà que je suis promue ministre de l’Économie et des Finances sans portefeuille…


Sans portefeuille ?

J’ai été privée de l’essentiel, en l’occurrence le budget dévolu à Fouzi Lakjaâ. Finalement, je ne suis, tout compte fait, que la ministre de l’Économie en crise et des finances exsangues.


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