Hassan Derhem, l’ex-seigneur du Sahara
Saliha Toumi
11.5.2023 2:04

Une équipe du Canard a rencontré, à sa demande, Hassan Derhem, l’ex-seigneur du Sahara en délicatesse avec les autorités, sous une tente plantée au cœur du désert du Sahara.

Vous n’arrêtez pas de vous agiter en se répandant sur les réseaux sociaux et autres sites électroniques contre le pouvoir. Qu’est-ce qui ne va pas Derhem le bien nommé ?


Ce qui ne va pas c’est que le débit et la côte du Derhem  ont dangereusement baissé au Sahara après avoir été à leur apogée. C’est anti-droit de l’homme d’affairiste.


Mais encore ?


Je veux que les pouvoirs publics me sauvent de la faillite en renflouant  mes affaires qui ont périclité, de dire aux banques d’arrêter de saisir mes biens  et de ne pas m’envoyer à l’ombre  pour  ma gestion douteuse passée de la commune de El Marsa à Laâyoune dont le dossier est devant la justice. Vous voyez, mes revendications sont simples, celles d’un citoyen  victime de l’injustice née  d’un sevrage brutal.


Sevrage brutal ?


J’ai pris  goût depuis mon jeune âge à la mamelle des privilèges et des prébendes en obtenant tout ce que je voulais. La fin du biberonnage, décrété il y a  quelques années, m’a rendu  d’autant plus  furieux que mon grand adversaire politique de Laâyoune, Ould Rachid et son clan, continue, lui, à bénéficier de la tétée alors qu’il est  largement repu. Pourquoi on continue à le gaver et pas moi ? Pourquoi cette politique de deux poids deux mesures dans le gavage? Celui-ci doit être égalitaire au nom du respect de l’accès équitable à la rente.


Vous vous êtes mis à dos tout le monde, y compris votre famille, emmenée par votre frère aîné Dahman Derhem, qui a émis récemment en tant que président de Derhem Holding  un communiqué  où il vous a désavoué en vous déniant tout droit de s'exprimer en son nom...


Mon frère aîné a  réagi en prenant les devants par peur d’être sevré à son tour. En me contredisant sur la persécution politique et économique dont, selon moi,  notre famille est la cible en soutenant que son business ne souffre d’aucun obstacle au Maroc et que les Derhem sont en bons termes avec le pouvoir, il s’est offert une bonne cuirasse de protection. Je soupçonne  même  mes ennemis d’avoir inspiré ce communiqué destiné à m’isoler encore plus.


A en croire ceux qui vous connaissent,  vous êtes un homme isolé, dépassé, politiquement et économiquement mort…


En bon  Derhem que je suis, personne ne pourra me démonétiser. Un vrai Derhem ne s’avoue jamais vaincu même s’il est désespérément en difficulté, prêt à abattre toutes ses cartes pour  rebondir.  


Vous êtes un dignitaire sahraoui ensablé dans les problèmes et qui cherche à faire du chantage aux autorités en révélant des documents supposés compromettants…  


Je me défends comme je peux. Et puis, il  ne faut jamais vendre la peau du chameau avant de l’avoir tué.

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