Nous risquons la paralysie

Dans un entretien, le ministre de la Santé et de la Protection sociale Khalid Ait Taleb livre un diagnostic sans appel de la situation  sociale dans son département en proie aux grèves.

C’est au tour de votre département, celui de la Santé, d’être dans l’œil  du cyclone des grèves. Ne craignez-vous pas un dérapage à la manière de  Benmoussa ?  

Ce Benmoussa, que l’on croyait fort et futé, commence à nous coûter très cher en tant que ministres plombés par des  bataillons de fonctionnaires. La gestion  calamiteuse du dossier des enseignants par ses services   a fait tache d’huile et réveillé les corporatismes sectoriels dans plusieurs pans de la fonction publique.

Y compris dans votre ministère…

En effet, le corps des infirmiers donne lui aussi de la voix et bat le pavé. Même les étudiants  en médecine se sont enhardis à réclamer le retour de la 7ème  année d’études . Benmoussa a créé des complications au gouvernement et des effets indésirables  aux finances publiques en cédant aux folles revendications financières des enseignants.

C’est normal que les aides-soignants  réclament l’amélioration de leur situation, non ?

Évidemment. C’est légitime. Mais ce qui pose problème  c’est le niveau des revalorisations  matérielles réclamées.  Rien que pour les salaires, un syndicat indépendant exige une hausse salariale d’un seul coup de 3.000 DH net. Ce qui est très excessif, voire délirant . Il y a  de quoi choper  une allergie chronique à tout  ce qui est syndical.

Mais encore ?

Certains syndicats pensent peut-être que le gouvernement est devenu une monarchie pétro-gazière où l’argent public coule à flots. Or, notre pays n’est qu’une monarchie parlementaire qui s’efforce de vivre selon ses petits moyens et de satisfaire  toutes les catégories de fonctionnaires.  

Nous n’avons pas de pétrole mais le gouvernement a-t-il vraiment des idées ?

Le drame c’est que certains syndicats, victimes de l’on en sait quelle déficience,  se font des idées et même  des illusions soit par ignorance ou  stupidité.  Au gouvernement, certains ont de bonnes idées alors que d’autres ont une haute idée d’eux-mêmes…

Quel est votre diagnostic de  la situation politique du pays ?

Il faut circonscrire  d’urgence le champ de la contestation syndicale et désamorcer la bombe des corporatismes irresponsables. Faute de quoi, on risque l’aggravation des tensions et la paralysie du pays.

Quel remède préconisez-vous ?

La dissolution des syndicats ou au moins  l’interdiction des grèves longues et injustifiées..

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