CANETON FOUINEUR

Entretien avec Mohamed El Moudden, président de l'Initiative Souss-Massa (ISM)

« Nous agissons pour l’inclusion économique des jeunes »
Ahmed Zoubaïr
9/3/2023 11:03
Mohamed El Moudden, président de l'Initiative Souss-Massa (ISM).

Créé en 2007 par le Conseil régional ( baptisé Souss-Massa-Draa l’époque) et la Chambre de commerce, d’industrie et des services, rejoints..

Créé en 2007 par le Conseil régional ( baptisé Souss-Massa-Draa l’époque) et la Chambre de commerce, d’industrie et des services, rejoints ensuite par des institutions publiques, semi-publiques et privées, Initiative Souss Massa (ISM) est un dispositif innovant de financement de porteurs de projets essentiellement des TPE. Ce financement a ceci de particulier qu’il se présente sous forme de prêts d’honneur accordés  à taux zéro sans garantie  ni caution. Inspirée de l’Initiative France dont elle est partenaire, l’ISM est une expérience inédite au Maroc portée depuis sa création par Mohamed El Moudden. Homme dynamique et  plein de bonne volonté, celui-ci a mis en place  l’Alliance Initiative Maroc qui œuvre sans relâche pour que ce mécanisme vertueux, déjà adopté par quatre régions, soit généralisé sur l’ensemble du territoire national. Entretien.

Le Canard Libéré : Quel bilan faites-vous de l’action de l’association Initiative Souss-Massa ?


Mohamed El Moudden : Aujourd’hui nous gérons un fonds de 62 millions de DH dont le taux de remboursement frôle les 85%. Jusqu’à ce jour, plus de 1060 projets ont été soutenus par notre plateforme dans le cadre de prêts d'honneur et sans garanties.  Ce qui a permis de créer plus de 2800 emplois.


Êtes-vous satisfait en tant que président du travail accompli en termes de créations de projets et d’emplois depuis la création de l’association en 2008 ?

Notre ambition est de faire plus en matière de soutien de l’entreprenariat des jeunes. C’est pour cela que nous sommes fort désireux de développer de nouvelles plateformes similaires à la nôtre en la généralisant à toutes les régions du Maroc. Initiative Souss-Massa fédère déjà dans le cadre de l’Alliance Initiative Maroc qu’elle préside cinq plateformes régionales (Rabat-Salé-Kenitra, l’Oriental, El Hajeb Initiative (Région Fès-Meknès), Larache Initiative (Région Tétouan-Al Hoceima). Ces plateformes ont été implantées en étroite collaboration avec Initiative France et l’AFD.


En quoi consiste l’apport de ces deux organismes ?


Initiative France opère au Maroc dans une logique de coopération en relation avec son projet « Consolider et développer les réseaux Initiative au Maroc, en Tunisie et Burkina Faso ». Ce dispositif est financé en grande partie par l’Agence française de développement (AFD).


Quel est le profil des bénéficiaires de l’ISM et en quoi consiste votre soutien aux jeunes porteurs de projets de la région Souss-Massa ?


Le prêt d’honneur et sans garanties est destiné à toute personne désireuse d’entreprendre en milieu urbain ou en zone rurale. L’ISM intervient dans ce processus en tant que partenaire qui fournit aussi bien le financement requis que l’assistance technique nécessaires aux candidats sélectionnés.

Notre dispositif de soutien est conçu pour s’adapter à tous les profils: Les jeunes de moins de 30 ans, les hommes de plus 45 ans, les femmes, les personnes en situation de handicap et même les anciens détenus…  


D’où proviennent les fonds qui forment le prêt d’honneur que vous accordez aux jeunes entrepreneurs ?


Notre bailleur de fonds principal est le Conseil régional de Souss-Massa ainsi que d’autres institutions du public et du privé qui font aujourd’hui partie du réseau des partenaires de l’ISM. Les fonds récupérés par notre association au titre du remboursements des prêts par   les bénéficiaires forment aussi notre principale source de financement.


Financez-vous 100% des projets et quels sont les critères de financement?

Nous finançons jusqu’à 70% du montant d’investissement global du projet, le reste devant être apporté par le candidat. L’ISM peut également cofinancer des projets avec les banques ou d’autres organismes tels que l’INDH. Le financement participatif est un excellent outil qui contribue davantage à la réussite de l’entreprise.

Les critères de financement sont flexibles, ils s’adaptent à chaque territoire et à tous les secteurs d’activité. Notre seul intérêt est que le porteur du projet rencontre la réussite, synonyme de création d’emplois, de valeur et de développement de l’économie régionale.


Quel est le taux de réussite des projets que ISM finance et êtes-vous satisfait du taux de remboursement des prêts?

Le taux de remboursement se situe autour de 85%. Ce qui est une performance remarquable qui me conforte personnellement dans l’extrême utilité économique et sociale de l’apport de l’ISM.  


L’association dispose-t-elle d’un recours contre les mauvais payeurs ou bien vous misez uniquement sur la bonne foi des emprunteurs ?  


Nous disposons des deux leviers à la fois. Mais l’essentiel pour nous c’est de garder de bonnes relations avec nos entrepreneurs que nous pouvons financer à nouveau dans le cadre de leur croissance.  

En plus, ils peuvent devenir les parrains de nouveaux entrepreneurs et, forts de leur expérience, siéger dans le conseil d’administration de notre association.


Attendez-vous plus d’engagements des bailleurs de fonds de l’ISM pour financer plus de projets et contribuer ainsi davantage au développement de l'entreprenariat des jeunes de Souss-Massa ?  


Le modèle PPP (Partenariat public-privé) est un mécanisme adapté à la promotion de l’entreprenariat des jeunes et représente un excellent vecteur pour les élans de de responsabilité et d’engagement au service de l’inclusion des jeunes par l’entreprenariat et la lutte contre le chômage et la précarité.

Toutes les entités-ressource, banques et collectivités territoriales, ont la possibilité de s’inscrire dans cette dynamique vertueuse.

Par ailleurs, cela me fait chaud au cœur c’est que l’acte d’entreprendre ne fait plus peur aux jeunes des deux sexes qui sont de plus en plus nombreux à refuser de se complaire dans le chômage, la précarité et l’indignité. Ce désir croissant de se lancer dans l’aventure est de mon point de vue un acquis immense, un capital précieux qu’il faut fructifier davantage.

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