Ahmed Zoubaïr
Le leader du PAM Abdellatif Ouahbi.

Tout porte à croire que le parti dirigé par Abdellatif Ouahbi se projette déjà dans l'après-gouvernement Akhannouch. Dans cette perspective,

Tout porte à croire que le parti dirigé par Abdellatif Ouahbi se projette déjà dans l'après-gouvernement Akhannouch. Dans cette perspective, les manœuvres ont déjà commencé...

Le  Fonds d’aide pour le développement rural (FDR)  est de nouveau au cœur d’une bataille politique sournoise opposant le chef du gouvernement et président du RNI Aziz Akhannouch et les dirigeants du PAM.  En sa qualité de ministre de l’Agriculture et de  la Pêche maritime, M. Akhannouch avait déjà  affronté  en 2016 l’ex-chef du gouvernement Abdelilah Benkirane sur ce dossier en se disputant sa tutelle. Sûr de son fait, M. Akhannouch a fini par obtenir gain de cause en rabaissant le caquet au leader des islamistes qui voulait absolument prendre le contrôle de ce fonds en mobilisant ses troupes parlementaires pour annuler l’article 30 du Projet de Loi de Finances (PLF) 2016 qui attribuait la gestion de ce programme doté d’un budget de 7 milliards de DH par an  au ministère de l'Agriculture et de la Pêche maritime. Grosse des islamistes et de leur gourou qui ont vu dans cette manne extraordinaire l’occasion rêvée de l’instrumentaliser à des fins politiciennes pour s’implanter dans le Maroc des campagnes où le PJD n’a jamais réussi à s’implanter.

Près de 8 ans plus tard, le FDR suscite de nouveau les convoitises. Cette fois-ci du PAM et de son secrétaire général Abdellatif Ouahbi. Or, le portefeuille de l’Agriculture est toujours contrôlé par le RNI à travers Mohamed Sadiki et il en est à ce titre l’unique ordonnateur. Mais le PAM ne l’entend pas de cette oreille allant jusqu’ proposer au chef du gouvernement un partage du FDR entre le ministère de l’Agriculture et celui de l'Aménagement du territoire national, de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Politique de la ville dirigée par la figure du PAM Fatima-Zahra Mansouri qui gère déjà le Fonds de Solidarité habitat et intégration urbaine institué en 2002 et qui bénéficiera au titre du budget 2024 d’une enveloppe exceptionnelle de 7 milliards de DH. Certains députés de la majorité accusent   Mme Mansouri de verser dans le favoritisme politique et de ne privilégier  que les municipalités- dont la sienne de Marrakech- contrôlées par son parti.

Mais Aziz Akhannouch n’est pas du genre à se laisser faire lorsqu’il s’agit de faire pièce aux manœuvres politiciennes qui plus est incongrues y compris de ses alliés. Incongrues car le département de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la politique de la ville, comme son intitulé l’indique,  n’est  concerné en rien  par les affaires rurales, sauf à considérer que le Fonds de développement rural est un gâteau qu’il convient de partager en bons alliés à l’image de  la logique qui avait présidé lors de l’élection des bureaux des communes et des régions.  

Solidarité

Bon prince, Aziz Akhannouch avait tenu à ce que la chefferie de ces collectivités locales soit répartie à égalité, indépendamment de nombre de sièges obtenus par chacune des trois formations composant la majorité. C’est en vertu de cette démarche unitaire que l’Istiqlal a décroché  par exemple la présidence de la région Casablanca-Settat alors qu’elle devrait normalement échoir, arithmétiquement parlant, au RNI dont le patron était convaincu que cet équilibre au niveau de la démocratie locale est un atout de taille pour la cohésion gouvernementale et la solidarité de ses membres.

Or, la proposition formulée par le PAM de partage du FDR  va à l’encontre de cet esprit unitaire défendu crânement  par le chef de la majorité et dégagerait des relents électoralistes. Ce qui pourrait signifier que le parti de Ouahbi se positionne  déjà à mi-mandat pour les élections législatives de 2025. Voilà qui  est de nature à remettre en cause la cohésion gouvernementale et à alimenter la tension entre les trois alliés. Surtout que Abdellatif Ouahbi estime que son parti est victime des attaques de ses amis politiques notamment l’Istiqlal et qu’il est hors de question que la cohésion gouvernementale se fasse aux dépens du parti qu’il  dirige. D’où son appel lancé aux députés et conseillers PAM réunis à Rabat après le session d’ouverture du Parlement  le 13 octobre, de changer de ton à l’égard du gouvernement en s’opposant. En clair, le chef  PAM a donné à ses troupes le feu vert pour  qu’ils fassent de l’opposition. Une manière de prendre ses distances avec la politique de l’exécutif en prévision des prochaines échéances législatives. Avec en ligne de mire la primature…Ce qui constitue un coup de canif dans le pacte de la majorité que M. Akhannouch fait tout pour préserver.

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