CANETON FOUINEUR

La ville de Kenitra sans autobus !

Un maire en panne nommé Rabbah
Ahmed Zoubaïr
21/4/2021 0:36
Rabbah, une gestion chaotique...

Cela fait plusieurs mois que la capitale de El Gharb n’a plus de transport en commun. Une situation désastreuse qui ne semble...

Cela fait plusieurs mois que la capitale de El Gharb n’a plus de transport en commun. Une situation désastreuse qui ne semble pas déranger Abdelaziz Rabbah...

Une ville sans transport urbain, ça existe et elle a pour nom Kenitra ! Située à 40 kilomètres au nord de Rabat, la capitale de El Gharb, qui a de plus en plus l’allure d’un gros bourg avec ses artères défoncées et son urbanisme chaotique, souffre le martyre depuis plusieurs années. En cause, une gestion désastreuse des affaires de la cité qui a gravement déteint sur le transport urbain et pris en otage la population locale. Depuis le retrait en décembre 2020 de la société délégataire « Karama Bus » du circuit urbain suite à un long litige avec le conseil municipal alors que son contrat expirait en 2027, les usagers se débrouillent comme ils peuvent pour se déplacer.  C’est le système D qui prévaut dans une agglomération livrée à elle-même et en proie au désordre qui donne l’impression que la ville fonctionne en roue libre…

Pour pallier cette crise préjudiciable aux travailleurs, aux fonctionnaires et aux étudiants, la commune a autorisé récemment, dans la confusion et le désordre, le transport par minibus, destiné au personnel, qui sillonne les artères défoncées de la ville pour convoyer les gens vers leur destination. Une solution provisoire en attendant l’arrivée d’un nouvel opérateur avec lequel la commune a conclu un contrat de gestion déléguée en 2018. Autant attendre Godot ! « C’est du mépris pour nous Kenitris, de nous livrer ainsi à des solutions de replâtrage indignes », peste un homme d’un certain âge. « Les membres du conseil municipal ne roulent que pour leurs petites affaires personnelles », renchérit un jeune en colère. La responsabilité de ce désastre incombe évidemment au conseil municipal dirigé par le député-maire de la ville, le PJD Abdelaziz Rabbah, également ministre de l’Énergie et des Mines, même si celui-ci a tenté depuis le début de faire porter  le chapeau de ces turpitudes au transporteur.

« Nous informons l’opinion publique que la société assume la responsabilité de son acte (le retrait de la ville). Ce comportement contraire à la loi, qui intervient en pleine période des examens, dénote d’une volonté délibérée d’aggraver la crise dans la ville », peut-on lire dans un communiqué signé par M. Rabbah.  Un communiqué aux allures de baroud d’honneur visant à le dédouaner vis-à-vis de l’opinion publique locale. « La société a unilatéralement cessé de fonctionner en refusant d'élargir en décembre son parc de 100 nouveaux autobus », avait dénoncé le vice-président PJD en charge du transport urbain Rachid Belamkissia, tout en accusant l’opérateur d’avoir fait fuir une partie de sa flotte vers d’autres villes. Tel n’est pas l’avis du transporteur qui a accusé la mairie de ne pas avoir garanti un environnement sain pour son activité conformément à l’article 20 de la loi 54-05 sur la gestion déléguée des services publics. État des routes calamiteux, transport clandestin, absence de couloirs réservés aux bus et interdiction de la tarification conventionnelle.  Une situation qui aurait occasionné, selon les dirigeants de la société qui ont dégainé les conclusions d’un rapport d’expertise réalisé par un cabinet choisi d’un commun accord, une perte sèche de quelque 241 millions de DH lors de l’exercice 2016.  Ce manque à gagner, qui a pesé lourdement sur les comptes du transporteur, devrait être pris en charge au titre d’une indemnisation par les caisses de la commune d’après les recommandations de ce cabinet d’expertise. Campant sur leurs positions, les deux parties se rejettent la responsabilité de la panne dont l’usager paie in fine le prix.  

Crise

Les élus de l’opposition PAM et Istiqlal, qui connaissent les dessous du problème, ne se sont pas laissé abuser, reprochant au maire son jeu trouble dans cette affaire et son implication insuffisante pour sauver le contrat de gestion déléguée signée en 2012 avec la société « Karama Bus ». Après l’échec de plusieurs rounds de négociations avec l’opérateur qu’il accuse de tous les maux, M. Rabbah a dû en dernier recours refiler courageusement la patate chaude au ministère de l’Intérieur dans le cadre d’un arbitrage.

De quoi se demander à quoi il sert et s’il est incapable de solutionner une crise qui relève de sa compétence de maire. En fait, ce n’est là qu’un chapitre des défaillances chroniques de l’islamisme communal qui minent la majorité des villes comme Tanger, Tétouan, Agadir où les élus PJD ont négligé les intérêts de la collectivité au profit du caritatif politique qui leur rapporte des voix aux élections. Toutes les villes (mal) gérées par le PJD sont otages de ces petits calculs qui montrent que les élus de ce parti ont juste une urne dans la tête. L’incurie locale qui frappe Kenitra dans tous les domaines va à l’encontre des ambitions royales pour la capitale de El Gharb. Le souverain s’est mobilisé au cours de ces dernières années pour faire de cette cité pleine de potentiel un nouveau pôle économique majeur, doté d’un port moderne qui est en cours de construction. De nombreux projets, dont le plus emblématique est l’usine du groupe PSA (Peugeot-Citroën), ont déjà vu le jour  à Atlantic Free Zone, cette plate-forme industrielle visant à capter des investissements d’envergure nationaux et étrangers. Mais avec un maire comme Rabbah à sa tête qui agit contre cette dynamique vertueuse, incapable qu’il est de régler le problème des bus de sa ville, Kenitra risque de rater le coche.  Sans conteste, la ville mérite mieux. Beaucoup mieux qu’un maire en panne d’idées…

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