Droite dans ses escarpins, elle recrute son mari dans son cabinet

En plus de ses bourdes parlementaires, la ministre repeinte aux couleurs de l’Istiqlal s’est illustrée en faisant de son mari son proche et principal collaborateur.

Aawatif Hayar est une drôle de ministre qui ne se départit jamais de son sourire quelle que soit la situation. En charge du département de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille, elle n’arrête pas, depuis son entrée au gouvernement, de collectionner dans la joie et la bonne humeur les bourdes et les impairs. Au Parlement, récemment, elle déclenche l’hilarité générale en s'emmêlant les feuilles contenant les réponses aux questions écrites des groupes parlementaires et va jusqu’à se baisser pour fouiller dans ses dossiers  pendant de longues secondes - très gênantes pour elle - les papiers correspondant à la question idoine,  celle du groupe haraki et non socialiste comme elle l’a déclaré en s’adressant en préambule à la présidente de la séance. Quelle explication donner à cette maladresse ? Un manque de rigueur de sa part ou une erreur de son cabinet où son mari occupe une place de choix ? Eh oui Mme Hayar n’a pas hésité à faire de son époux son directeur de cabinet avant de faire marche arrière sous la pression des critiques. Mais il sera maintenu dans son équipe comme simple membre (chargé de la mise en œuvre du modèle de développement dans son volet social !)  mais qui compte tenu du statut de sa femme, sera tenté de jouer les ministres Bis. Avec le couple Hayar, on a deux responsables pour le prix d’un. Que demande le peuple ?  

Pourquoi chercher loin  et prendre le risque de recruter un profil étranger alors qu’elle a la possibilité de piocher dans  la famille très proche ? Pourquoi lui en vouloir alors qu’elle a innové en jetant les jalons d’un vrai ministère de la famille… Hayar. On attend dans les prochains jours l’embauche du fifils, de la fifille et de la cousine ?    

Où est le mal avec une ministre qui fait des proches ses proches collaborateurs, qui sait s’entourer et qui n'a peur ni du scandale ni du mélange des genres ? Lallahom Aawatif, erreur de casting comme le susurrent les jaloux dans les couloirs du parti de l’Istiqlal et du ministère ? Pour ceux qui la connaissent, ils trouvent qu’elle est plutôt dotée d’un bon esprit de caste... Il faut avoir en effet un sacré sens de la famille et une bonne dose de solidarité conjugale pour oser une telle entreprise d’insertion maritale! Détrompez-vous ! Mme Hayar qui justifie de ces qualités exceptionnelles n’est pas une novice en la matière. C’est une récidiviste accomplie puisque sa première action - lorsqu’elle a été bombardée en 2019, à la surprise du monde universitaire, au poste de présidente de l’Université Hassan II de Casablanca - aura été de nommer son même mari, un professeur universitaire, au poste de vice-président chargé du partenariat, la coopération et du développement de l'université. Après les fils de…, les maris de ?  

Talents cachés

Deux ans à peine plus tard, elle sort de l’anonymat à la faveur de son parachutage au gouvernement Akhannouch sur le quota de l’Istiqlal où elle n’est pas identifiée comme une militante. Ce qui a fait enrager la militante maison comme le chef du groupe Noureddine Mediane ou Khadija Zoumi qui attendaient depuis longtemps d’être récompensés chacun d’un strapontin ministériel. Or, les postes de responsabilité qu’elle s’est offerts n’ont donc rien à voir avec sa formation initiale. En parcourant le CV de cette chanceuse l’on apprend en effet que Aawatif Hayar est docteure en traitement du signal et télécommunications de l’institut national polytechnique de Toulouse et titulaire d’une agrégation en génie électrique de l’École normale sup. Une énième preuve que personne n’est à sa place au Maroc où les nominations dans la haute administration continuent à obéir à d’autres critères. Dans ce contexte très marocain, la grande Aawatif a certainement des talents cachés. Sans doute est-elle une lumière que le grand public ignore qui va donc illuminer par ses idées fulgurantes  le département de la Solidarité (familiale), de l’Insertion (maritale) et de la Famille proche ; peu importe donc que son parcours académique entre en cohérence avec ses  responsabilités professionnelles !

C’est pour cela peut-être que le secrétaire général de l’Istiqlal Nizar Baraka, par ailleurs ministre de l’Équipement et de l’Eau - qui ne l’a jamais placé sur la liste des ministrables istiqlaliens - a pris fait et cause pour Aawatif Hayar dans la polémique provoquée par le recrutement de son mari. Lors de l’émission « Confidences de presse» sur 2M, dimanche 4 décembre, il a balayé les critiques d’un admirable «chaque ministre a le droit de recruter qui il veut dans son cabinet » ! Décryptage : Mme Hayar est maîtresse dans son ministère, elle lui appartient et elle est fondée à pratiquer le clientélisme familial. Une telle affirmation, qui a dû choquer les téléspectateurs, traduit parfaitement la mentalité istiqlalienne dans son rapport aux affaires publiques et leur gestion. Quant à Mme Hayar et son adjoint de mari, ils ont déjà réussi avant tout le monde à mettre en musique le nouveau modèle de développement… familial. Chin chin…