Amine Amerhoun
13/12/2023 21:29
Prendre soin des chiens…

De quoi aurait l’air Le Canard s’il ne parlait pas également du meilleur ami de l’homme et de nos autres « concitoyens » à quatre pattes...

De quoi aurait l’air Le Canard s’il ne parlait pas également du meilleur ami de l’homme et de nos autres « concitoyens » à quatre pattes ou avec des ailes… ? Notre rédaction, car cela lui tient vraiment à cœur, a suivi pendant un bon moment une des associations de protection animale qui œuvrent quasiment dans l’ombre, dans notre beau pays. Choses vues.

Depuis quelques années, sûrement grâce à l’évolution du niveau de vie général (idée que beaucoup voudraient contredire, mais c’est un autre sujet), on remarque que nos amis animaux de la rue ont de plus en plus de défenseurs, de bienfaiteurs. Allez faire un tour dans les quartiers hors villas (oui, là, c’est le désert), allez même dans les quartiers populaires, on trouve souvent du lait, du fromage, des boites de sardines ou des croquettes par terre, ou encore des abris de fortune pour des chattes ou des chiennes et leurs portées. Même certains commerçants et gardiens de voitures commencent à avoir des sortes de chats ou de chiens « attitrés », et ils en prennent grand soin, à hauteur de leurs moyens et de leur conception de ce qu’ils peuvent leur apporter (souvent le problème se situe là, on ne sait pas ce qu’on peut faire d’autre). Les chiens et les chats, pour ne parler que d’eux, sont, certes, des êtres auxquels on s’habitue rapidement, des êtres qui ne sont pas ingrats, puis ce sont des êtres qui commencent à devenir des sortes d’amis, chacun respectant la manière de vie de l’autre (comme Lucky Luke et Rantanplan), avant, finalement, de devenir des membres de la famille à part entière. C’est magnifique cette charité dont peuvent faire preuve les Marocains, d’ailleurs prouvée internationalement par le formidable élan que l’on voyait et voit encore à l’égard des sinistrés du séisme catastrophique que nous avons malheureusement vécu. Et c’est avec une immense fierté, et une tristesse tout aussi immense, que les lignes précédentes ont été écrites. Et comme nous savons à quel point ça peut être désagréable de voir un animal souffrant dans la rue, chien, chat ou autre, nous sommes là pour vous proposer une solution. Il existe un peu partout au Maroc des personnes, très empathiques à l’égard des animaux, et qui finissent par mettre en place des associations pour leur venir en aide. Nous ne vous informons bien entendu de rien. A part que… Pourquoi, cher lecteur, quand vous voyez un être dont vous voudriez bien vous occuper mais dont vous ne pouvez pas vous occuper, pourquoi ne pas le prendre en charge autrement, en appelant une de ces associations et en vous occupant des frais, en totalité ou en partie ? Il suffit de faire une petite recherche pour trouver les associations concernées dans votre ville, jeter un œil sur leurs œuvres, et si convaincu(e), eh ben les appeler et leur donner rendez-vous là où se trouve l’animal souffrant en question. Et là se mettre d’accord avec eux, quant à la participation de chacun. C’est ce qu’a fait quelqu’un, à Safi, et nous en avons été témoins, du début à la fin. Et même que l’aventure continue…

Récit

Un de nos amis, que nous appellerons ici Karim, et qui souhaite conserver son anonymat, a vu dans la rue une chienne, âgée d’environ 3 ou 4 ans, avec une grande masse dans le ventre. Cela lui a fait mal au cœur. Etant un animoureux depuis longtemps, et étant en contact depuis quasiment toujours avec des vétérinaires et autres, il a voulu d’abord écarter la possibilité de l’infection simple. Alors il a commencé à lui prodiguer des soins médicamenteux lui-même, avec entre autres une antibiothérapie. Mais, après trois jours, rien n’y faisait ! Rosalinda (le nom que lui donne les gardiens qui s’en occupent. Son vrai nom donc !) avait, selon lui, un cancer. Mais ça coûte cher de traiter un cancer, et il ne peut s’en charger intégralement. Que faire ?! « Eurêka ! Tentons de joindre une association en place ! C’est sûr qu’ils accepteront si je mets les mains à la poche également ! », s’est-il exclamé. Et c’est ce qu’il a fait. Zainab Taqane, présidente de l’Association Irham pour la protection animale et l'environnement à Safi nous raconte : « La demande d’aide pour Rosalinda fait partie de nombreuses demandes qu’on reçoit quotidiennement. Nous avons demandé à la personne qui nous a appelés une vidéo claire de son état pour demander au vétérinaire son avis et le coût du traitement qu’on doit assurer pour qu’elle puisse être opérée. Ensuite nous nous sommes déplacés sur place pour la prendre et la déposer à la clinique vétérinaire où elle a passé toute sa convalescence. Après 15 jours (NDLR : 15 jours de convalescence ! Ça se paie par nuit…), nous nous sommes déplacés à la clinique vétérinaire encore une fois pour la ramener à son territoire, en bonne santé, vaccinée, stérilisée, traitée contre les parasites internes et externes et identifiée avec une boucle jaune qui porte son identifiant, ce qui signifie que Rosalinda est une agente sanitaire maintenant ». Inutile de dire que tout ça était très onéreux. Et nous ne mentionnerons pas le montant de l’apport de Karim, selon son souhait. Ni le montant payé par l’association. Soulignons seulement que c’est vraiment beaucoup, et que c’est, sans dire, extrêmement louable, de part et d’autre.

C’était quoi le souci, Doc ?!

Le docteur Hicham Al Akkaoui, le vétérinaire qui s’est chargé du cas de Rosalinda, nous explique que ce n’était pas un cancer mais un cas nécessitant une opération des plus compliquées : « Quand j’ai vu Rosalinda pour la première fois, j’ai pensé qu’elle portait une masse. Ce sont des cas fréquents qu’on opère surtout chez les chiennes errantes à cause des accouplements et des portées excessives. Mais après la radiographie, il s’est avéré qu’elle souffrait d’une hernie inguinale, une anomalie de la taille de l’anneau inguinal associée à une faiblesse musculaire et à une augmentation de la pression abdominale entraînant une protrusion d’organes abdominaux dans le canal inguinal (épiploon, vessie, utérus, rate) ». Oula ! C’est pour la majeure partie incompréhensible mais on comprend néanmoins que c’est très grave. Le docteur poursuit : « Le pronostic est favorable pour une hernie simple et réductible mais plus réservée si la hernie est de gros volume et lors de complications associées, ce qui était notre cas ». Alors comment fallait-il la guérir ? « Le seul traitement possible est chirurgical. Son opération était très compliquée surtout que sa matrice s’était déplacée. Après 4 heures continues au bloc opératoire, on a pu sauver Rosalinda et tout remettre en ordre ». Quatre heures au bloc ! Pour une humble chienne de la rue. On dirait un Saint-Bernard !
Tout ça pour vous dire qu’aucun problème n’est insurmontable, si on peut y mettre les moyens, du cœur  et aider les associations en question, ainsi que les vétos ! Car les vétos aident beaucoup les associations en cassant notablement leurs prix, ce que nous confirme le Dr Al Akkaoui : « En tant que médecin vétérinaire, j’offre des prix associatifs à IRHAM parce qu’elle est la seule à Safi qui pense aux animaux errants malades, surtout les cas les plus compliqués dont le coût est onéreux. L’association se bat pour les ramener à la clinique vétérinaire coûte que coûte ». Mais… « Nous saluons toute action caritative en faveur des animaux, continue le docteur Al Akkaoui, mais assurer la continuité des actions n’est pas évident pour les associations, surtout avec l’absence totale de subventions publiques. Donc très peu sont celles qui continuent le combat ! » En ce sens, Zainab Taqane nous parle de certains impératifs à la portée de l’Etat : « L’État doit absolument prendre la vie des animaux au sérieux pour préserver la santé publique. Les villes marocaines doivent être munies de centres hospitaliers pour traiter les animaux errants. Avec une équipe de vétérinaires et techniciens bien formés dans ce domaine, tout en déléguant la gestion de ces centres aux associations, qui ont une grande expérience, contrairement aux conseils communaux ». Euh… un peu trop demandé, selon toute vraisemblance. Surtout cette histoire de délégation. Mais les centres hospitaliers restent possibles. Et nécessaires, pour qui croit encore au qualificatif : humain. Dans le sens qu’on lui donne, s’entend… Mais passons.

Que faire si on voit un animal malade ?

Zainab Taqane nous montre la voie à suivre, si on voit un petit être malade et qu’on souhaite l’aider : « Quand on voit un animal souffrant dans la rue nous devons penser à l’aider en le prenant chez le vétérinaire pour nous prescrire le traitement nécessaire, le vacciner et puis le ramener à la maison pour prendre soin de lui durant sa convalescence. Si ce n’est pas possible on peut appeler une association pour demander de l’aide, à condition de participer aussi ». Elle ne dit pas ça pour rien ! « 95% des cas traités sont sans aucune proposition de contribution de la part des personnes qui les signalent, qui sont généralement des étudiants, des personnes au chômage ou des femmes au foyer », nous révèle Miss Taqane. Un peu trop sombre, comme tableau. Le docteur Al Akkaoui est-il du même avis ? En effet, « malheureusement », selon ses dires : « Malheureusement, à Safi, les gens préfèrent toujours passer par les associations au lieu de ramener directement l’animal malade car ils devront payer, et je parle même des gens qui ont les moyens financiers pour se le permettre. Donc c’est très rare qu’un particulier ramène un animal et paie sa facture. De nombreuses fois, ils les abandonnent à la clinique vétérinaire pour ne pas avoir à payer la facture ».
Si prendre en charge un animal malade et le suivre se révèle difficile, pour une raison ou une autre, nous proposons à tous les animoureux de se mettre en relation avec des associations de protection des animaux de leur ville et de se contenter de les assister, ponctuellement, à hauteur des capacités et moyens de chacun. Parce que Zainab en dénombre, des assistances possibles : « Les gens peuvent soutenir nos actions caritatives en faisant un don mensuellement à partir de 20 dhs, en offrant de la nourriture (croquettes, abats de dinde, sardines en conserve, riz…), en assurant le transport quand on en a besoin, en faisant office de famille d’accueil pour un animal malade pour une durée déterminée ou encore en adoptant un animal qui a déjà fini son traitement pour céder sa place à un autre souffrant qui a besoin de cette prise en charge. Quand on sauve un animal, on préserve notre santé publique. On fait de notre ville un environnement sain pour l’humain et l’animal ! » Au lecteur intéressé de trouver la formule qui lui plaira. Et l’univers lui en saura gré. Car, vraiment, les animaux de la rue n’ont pas la vie facile. Et on voit bien que l’Etat renie jusqu’à leur existence, sauf quand ils deviennent une gêne, comme s’ils n’étaient pas sous sa responsabilité également. En soutenant une association qui les soutient, on sait déjà qu’on œuvre pour eux. Et ça, ce savoir, n’a pas de prix ! Réfléchissez-y…

Protection animale sur plusieurs plans

Ce genre d’associations œuvre d’ailleurs, souvent, sur plusieurs autres plans qu’il convient de relever. Pour l’exemple de l’association Irham, on peut citer, selon les dires de Zainab : « Nous avons pour but de défendre les droits des animaux, défendre le vivre-ensemble à travers des programmes éducatifs au profit des élèves (lancé en partenariat avec l’académie régionale de l’Education nationale). Nous avons également lancé le projet SAFI SANS RAGE pour appliquer le TNVR (NDLR : capturer, stériliser, vacciner avant de relâcher) comme solution scientifique, humaine et pérenne afin d'éradiquer la rage et contrôler la prolifération des chiens errants au lieu de les tuer ! On a lancé la campagne IRHAM de stérilisation et vaccination des chats pour les personnes à revenu modeste afin de diminuer le taux d’abandon massif des portées indésirables. Et bien sûr nous offrons des soins et des opérations aux animaux malades, accidentés ou abandonnés que nous mettons en adoption au Maroc ou à l’étranger, après leur convalescence, pour encourager les gens à adopter au lieu d’acheter ». Et ce n’est pas facile. Et même pas facile du tout. Surtout que ce n’est pas son gagne-pain : « Je suis enseignante, et être bénévole dans une association de protection animale c’est payer constamment des factures vétérinaires, des factures de médicaments, des factures de nourriture, des factures de produits d’entretien, des factures de gasoils pour les multiples déplacements, et j’en oublie sûrement… » Nous vous soutenons de tout notre cœur, Zainab. Et bravo ! Ce que vous faites est franchement admirable.

Et Rosalinda, on l’oublie ?!

Rosalinda va très bien, en fait. Zainab est revenue plusieurs fois la voir (quasiment chaque jour, avant même de savoir qu’on écrirait un papier dessus, chose qui ne lui a été révélé qu’il y a quelques jours), et une fois elle a même ramené le docteur Al Akkaoui, lui-même, en personne, en pleine nuit, alors qu’il ne pensait qu’à se reposer chez lui après une dure journée de labeur, cela quand cette louloute risquait d’enlever ses sutures. Tout cela nous en avons été témoins. Leur travail, leurs œuvres plutôt, sont tout simplement stupéfiantes. Ce sont des milliers et des milliers de dirhams, et des heures et des heures de travail et d’attention qui ont été consacrés à Rosalinda. Qui le leur rend bien d’ailleurs : il faut voir à quel point elle est contente en les retrouvant, sautillant dans tous les coins. Et elle n’est pas la seule à être contente. Les gardiens, ses propriétaires légitimes, sont, est-il même nécessaire de le souligner, au comble de la joie. Et c’est bien naturel. A vos portefeuilles, animoureux ! 20, 50, 100 ou 200 dirhams par mois, ce n’est pas la mer à boire mais ça sert à des choses grandioses. Il convient de prouver au monde, une bonne fois pour toute, que le peuple marocain est l’un des plus généreux qui soient ! Chose en laquelle Le Canard, pour sa part, croit dur comme fer et n’est pas prêt à en démordre.

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