Saliha Toumi
13/7/2023 1:14
Poutine et Prigojine, une fausse adversité ?

Ce qui ressemble de prime abord à la mutinerie du chef de la milice Wagner Evguéni Prigojine contre Vladimir Poutine n’a pas livré...

Ce qui ressemble de prime abord à la mutinerie du chef de la milice Wagner Evguéni Prigojine contre Vladimir Poutine n’a pas livré tous ses secrets. Plus le temps passe, plus le mystère s’épaissit.

Alors que la presse occidentale, se délectant de cet épisode autant inespéré qu’inattendu qui aurait mis en lumière la faiblesse du président russe, se plaisait à voir  dans cette tentative de putsch la preuve du début de la fin du Poutine, les signaux qui viennent  de Moscou disent plutôt le contraire.  Le chef du Kremlin n’a pas été déchu comme  l’espéraient ardemment  ses adversaires. La guerre civile tant espérée n’a pas eu lieu. Le pays n’a pas non plus basculé dans une dictature militaire dirigée par le patron de Wagner. Visiblement, Poutine  reste plus que jamais  le maître du jeu qui joue une partition secrète  à l’opposé de la guerre des clans « mafieux » qui menacerait son pouvoir en le poussant à fuir Moscou, la queue entre les jambes…Ce scénario ne s’est pas produit.

Pendant que la même presse occidentale  spéculait à fond sur  le sort  réservé au « traître » après l’accord mystérieux passé entre le rebelle en chef et son mentor et bienfaiteur  et qui aurait permis de mettre fin à cette tentative de putsch, une nouvelle troublante  échappe des coulisses du Kremlin : les deux hommes, considérés a priori comme des adversaires qui se regardent en chiens de faïence, se sont rencontrés le 29 juin en hommes plutôt en bons termes. Voilà qui ajoute au trouble et entretient le suspense à souhait. Les observateurs occidentaux sont à côté de la plaque.

La réunion, intervenue selon le récit officiel, quelques jours après la rébellion avortée,  a duré « presque trois heures », selon le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, indiquant que le président russe a livré son « appréciation » de l’opération du 24 juin.  Poutine qui se permet même de commenter après coup raté  la mutinerie de son ami Prigojine et le sermonner sur les faiblesses qui ont conduit à son échec aussitôt après avoir démarré en trombe ? Avouez que tout cela est fumeux et  relève de la mise en scène dont les objectifs restent encore à ce stade inconnus.  Et puis pourquoi  le Kremlin a-t-il jugé nécessaire de rendre publique une rencontre qui aurait pu rester secrète ? Entre intox et propagande, la vérité ne sort certainement pas des couloirs du cœur du pouvoir russe.  

Mise en scène

Tout porte à croire que Poutine est à la manœuvre dans le cadre d’une mise en scène qui va, de séquences en séquences, continuer jusqu’à la fin de la pièce théâtrale. Une séquence  s’est déjà jouée : une supposée perquisition dans le domicile de Prigojine à Saint-Pétersbourg dont les images ont été diffusées  par des médias russes publics et privés mercredi 5 juillet, soit quelques jours après la diffusion du  communiqué du Kremlin sur la rencontre Poutine-Prigogine. Lors de cette descente policière, les enquêteurs auraient découvert  une petite caverne de Ali Baba contenant des lingots d'or, de nombreuses armes et une variété de passeports avec des noms différents et une armoire pleine de perruques… Pas besoin d'être un grand expert politique  pour comprendre que quelque chose est en train de se tramer à Moscou.  Ce qui est certain c’est que Vladimir poutine a perdu la guerre en Ukraine où il a fourvoyé la Russie alors que l’invasion du pays de Zelensky était conçue initialement comme « une opération spéciale » de quelques jours. Le conflit est entré dans son 500ème jour la semaine dernière sans que les forces russes, officielles et wagnériennes ne soient  à court de munitions ni d’hommes ou ne soient capables, d’en venir à bout d’une armée ukrainienne résiliente qui bénéficie du soutien militaire de Washington. La poursuite de ce conflit qu’il n’a plus les moyens de gagner représente  une menace réelle de son maintien au pouvoir. Mais Il ne faut pas compter sur lui pour déclarer la fin de la guerre qu’elle a déclarée. Si cette mise en scène à la sauce Prigogine a un sens, le président russe  est en train de chercher une porte de sortie. Une sortie honorable  par le haut. Pas à la pire russe.

Prigojine futur président  dans l'ombre de Poutine ?

La première tentative d’entrée en politique d’Evguéni Prigojine remonte à 2020. Mais elle a tourné court.  Un échec. A l’époque, le businessman  pétersbourgeois, connu déjà  pour être le fondateur de la compagnie Wagner   et des « usines à trolls » inondant les réseaux sociaux, avait essayé de nouer une alliance qui n’a pas été concluante avec le parti nationaliste Rodina dans la perspective des élections législatives de l’année suivante.

Evguéni Prigojine a tous les atouts pour réussir cette fois-ci en politique, avec évidemment, la bénédiction de son bienfaiteur Poutine. Gagnant en célébrité  à la faveur de la guerre en Ukraine, Il possède en plus un empire médiatique et de l’argent. La prochaine présidentielle russe est prévue en mars 2024. Prigojine, dont  Wagner aura intégré  l’armée russe,  futur président dans l’ombre de Poutine comme ce fut le cas en 2008 de Dmitri Medvedev ?

Les plus lus
CANETON FOUINEURLes actions hilarantes de Mustapha Aziz

Quel grand coeur ce ce Mustapha Aziz ! Ce dernier a décidé de céder toutes les parts qu’il possède dans le groupe Strammarine-spécialisé...

27/4/2023
CANETON FOUINEURRéforme du système de santé : Mode d’emploi

Le Maroc est un grand pays. Les Marocains sont des citoyens valeureux et pacifiques. Les moyens humains et matériels...

Dr Saad Agoumi
10/5/2021
CANETON FOUINEURHayar cherche un directeur de la Femme !

Avec la ministre de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la Famille, la Femme marocaine aura son propre Directeur. Une idée...

2/6/2022
CANETON FOUINEURCes organisations des maladroits de l’homme...

Décidément, les autorités marocaines n’ont pas appris des erreurs du passé qu’elles reproduisent aujourd’hui encore...

La rédaction
8/10/2020