Moulay Hafid Elalamy défend la précarisation du travail

L’offshoring menacé par l’ubérisation
Ahmed Zoubaïr
26/11/2020 1:22
Pour Moulay Hafid Elalamy, le télétravail est un beau filon...

La précarisation de l’emploi dans le secteur de l’offshoring, telle est la nouvelle promesse du ministre de...

La précarisation de l’emploi dans le secteur de l’offshoring, telle est la nouvelle promesse du ministre de l’Industrie, du Commerce, et de l’Économie verte et numérique pour cette filière-filon qui ne cesse d’aiguiser les appétits des employeurs.

Le secteur de l’offshoring n’arrête pas d’attiser les appétits des prédateurs du secteur. La résilience des centres d’appel qui ont continué à tourner malgré la crise sanitaire fait saliver les gros bonnets de l’activité qui se mobilisent en coulisses pour  exploiter encore davantage une main-d’œuvre  déjà corvéable à merci pour des salaires de misère. Comment ? En faisant des économies sur les charges fixes (coût des locaux, entretien, eau, électricité et autres consommables) par le recours au télétravail dont les opérateurs veulent obtenir la généralisation… sans code de télétravail adapté à cette nouvelle donne professionnelle, imposée par la crise sanitaire dans bien des secteurs,  et qui intègrerait de nouveaux droits pour les salariés à domicile. En gros, ils bataillent pour les faire trimer avec le même niveau de salaire, autour de 4.000 DH par mois, qui comprend les primes de panier et les indemnités de transport (soit le SMIG si on soustrait ces primes de la fiche de paie). Quid des attentes légitimes des téléopérateurs en distanciel ? Les patrons des call centers s’en désintéressent complètement, ne souciant guère si leurs employés possèdent des espaces dédiés chez eux. Leur souci principal se limite à s’assurer qu’ils disposent du matériel nécessaire à l’accomplissement de leur tâche de démarchage téléphonique et à veiller à ce que la machine du profit tourne à plein régime. Point à la ligne.

Jobs virtuels

Or, le travail en centres d’appel va bien au-delà des moyens de travail (un ordinateur, une connexion internet, un téléphone et un casque). Il s’agit d’avoir une approche globale du télétravail, à commencer par  accepter de rémunérer plus la force du travail fournie à distance  compte tenu des charges fixes que les patrons économisent et d’intégrer  dans l’équation du télétravail un certain nombre de variables comme un accident de travail ou une panne de courant ou d’internet par exemple.

Comment gérer de pareils incidents ? La question est de savoir si le télétravailleur est protégé dans ce genre de situation ou si l’employeur ne s’empressera pas de lui faire porter le chapeau… Juste après le déconfinement, un fait inattendu s’est produit : Un télétravailleur casablancais n’a pas rejoint son poste pour avoir piqué après le déjeuner un petit somme qui s’est prolongé de quelques heures. L’employeur n’a rien voulu savoir et l’a convoqué en le menaçant de sanctions. Bonjour les mises à pied, brimades et retenues sur salaire… Dans une filière caractérisée par un mode de management digne des pratiques esclavagistes du début du 20ème siècle (stress permanent du fait d’objectifs impossibles à atteindre, pauses chronométrées à la seconde près, rémunérations dérisoires…), le télétravailleur doit s’attendre au pire. Une exploitation encore plus forte qu’en présentiel sans droits sociaux inhérents aux jobs virtuels. Vive le progrès !

Et voilà que Moulahom Hafid cherche à faire mieux encore en ubérisant le travail dans l’offshoring. C’est ce qu’il a laissé clairement entendre le 4 novembre 2020 à l’occasion de la présentation devant les députés des principaux chantiers programmés par son département en 2021. Moulahom Hafid a fait part de sa volonté de créer des « centres de formation pour freelancers » destinés aux salariés touchés par la crise sanitaire. Le coronavirus a bon dos.

Implantée dans le secteur de l’offshoring via la fédération nationale des centres d’appel et des métiers de l’offshoring, l’UMT  entend bien riposter à la volonté moulayhafidienne de vouloir remettre en cause le modèle social de la titularisation de l’emploi et   d’introduire de la précarité, comme  le loup dans la bergerie, sur un marché de travail déjà  malmené par une série d’abus. Les travailleurs indépendants ou auto-entrepreneurs dans l’offshoring c’est le système Uber pour les taxis qui derrière une apparente flexibilité professionnelle et une volonté du partage du travail désignées sous le doux vocable d’économie collaborative se cache en vérité une action de destruction du travail.  

Autrement dit, pas de droits sociaux, pas d’allocations familiales, ni mutuelle, ni de retraite. La légalisation de ces boulots au rabais et incertains est tout bénef pour les employeurs de l’offshoring qui augmenteraient davantage leurs profits déjà colossaux aux dépens du personnel en n’ayant plus à payer les salaires mensuels lorsqu’il n’y a pas de demande pour leur service.  Mais pour les employés, qui sont perdants sur toute la ligne, c’est l’insécurité de l’emploi et du revenu qu’ils se voient proposer.

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