CANETON FOUINEUR

Le PJD confronté à des démissions en cascade

Le crépuscule des islamistes
Ahmed Zoubaïr
21/1/2021 1:19
Al Othmani est devenu une cible facile des critiques de ses ouailles.

Le principal parti au pouvoir traverse l’une des crises politiques les plus graves de son histoire en raison d’une avalanche...

Le principal parti au pouvoir traverse l’une des crises politiques les plus graves de son histoire en raison d’une avalanche de démissions dans ses rangs. Le parti ne fait plus recette y compris aux yeux de ses membres... Chronique d’une déchéance politique...

C’est une vague terrible qui submerge depuis quelques semaines le PJD : les démissions en cascade. Pas une seule région qui ne soit concernée. Et l’hémorragie, symptomatique d’un malaise profond,  ne semble pas près de s’arrêter. La dernière défection en date est la démission collective de  pas moins de 21 membres du parti à Inezgane-Aït Melloul dans la région d’Agadir. Les intéressés, dont certains sont des élus communaux, ont présenté au secrétaire préfectoral du parti leur lettre de démission datée du 14 janvier 2021 où ils attribuent leur geste à des «considérations locales et nationales».  

Ce coup dur pour le PJD vient s’ajouter à d’autres portées au parti au cours des dernières semaines. Début janvier, c’était au tour de deux conseillers communaux islamistes de l’arrondissement de Hassan à Rabat de couper le cordon ombilical avec Al Othmani et sa formation à la dérive alors qu’ils affichent l’un comme l’autre  plus de 20 ans de militantisme au compteur. Les démissionnaires expliquent leur décision par des différends politiques avec la présidente du conseil municipal qu’ils jugent peu compétente pour assumer une telle charge.  

Bonjour l’entente et la cohésion ! Le parti, qui s’offre en spectacle digne des pires boutiques partisanes dont un certain Abdelilah Benkirane se faisait un plaisir à dénoncer les travers, est en train de partir en vrille en raison des déchirements internes qui n’ont jamais atteint un tel niveau d’intensité. Travers qu’une autre figure féminine du parti, l’ex-députée de Témara, Itimad Zahidi, a dénoncés dans sa lettre de démission  adressée en octobre 2020 au président du Conseil national du parti où elle fustigeait pêle-mêle « mauvaise gestion» et « crises politiques internes » tout en pointant du doigt un « parti  qui s’est écarté de ses objectifs de départ». Aux dernières nouvelles, Mme Zahidi aurait également claqué la porte du conseil communal de Témara dont elle dénonce la gestion par son président PJD Moh Rejdali.

Finie l’image de la formation organisée et soudée dont les troupes unies derrière leurs dirigeants  font preuve d’une discipline quasi militaire et qui lavent leur linge sale en famille. Un vent de fronde contre les dirigeants du parti, accusés à tort ou à travers d’agir contre les intérêts du PJD, souffle de plus en plus fort et risque de faire voler en éclats l’unité des islamistes ou plutôt ce qui reste. Les couteaux sont tirés. Et une scission menace. Résultat: Le PJD est en train de perdre sérieusement l’avantage que ses caciques faisaient valoir par rapport à aux autres partis qu’ils traitaient jusque-là avec un certain dédain. Ayant chopé le virus de la division qui mine ses adversaires politiques, il est désormais comme les autres. «Le pouvoir ne nous a pas réussi, reconnaît un ancien membre du PJD à Casablanca. Le PJD n’est bon et crédible que dans l’opposition ». Un autre renchérit: « La gestion des affaires publiques et de la démocratie locale qu’elle a obtenue par voie électorale est très surdimensionnée par rapport à la réalité des compétences du parti ».

Querelles

A quelques mois des prochaines élections, les déchirements pjdistes font désordre et fragilisent un parti qui capte mieux que ses rivaux politiques les votes populaires. Est-ce pour autant que les islamistes vont payer dans les urnes leurs descentes aux enfers ?  La défaite du PJD dans les récentes élections partielles, à l’image de celle de la municipalité de Imintanout organisées jeudi 7 janvier suite à la démission du conseil communal dirigé par l’islamiste Houcine Amdjar est un signal. La victoire est revenue au PAM qui a raflé 13 sièges sur les 15 en lice.

Le parti, en pleine débandade, a perdu également la mairie de Mohammedia au profit du RNI. La candidate du Rassemblement  Zoubida Taoufik  a en effet remporté le 25 décembre dernier la présidence par 25 votes contre 19 pour la sortante la PJD Imane Sabir. Pour y arriver, la gagnante a pu même compter sur les voix des conseillers islamistes et de l’absence de certains autres. Inimaginable il y a encore quelques années, cette indiscipline flagrante a été considérée comme un acte de « trahison » par certaines figures du parti, à commencer par le secrétaire général Saadeddine Al Othmani qui se trouve être le député de cette ville très disputée. La perte de cette dernière vient s’ajouter à d’autres déconvenues électorales dans le cadre des élections partielles dans d’autres fiefs PJD comme Settat, Guelmim, El Jadida ou Agadir…

Même la section PJD en Allemagne n’a pas résisté à  l’envie de quitter le navire islamiste. En novembre 2019, celle-ci a pointé dans une lettre de démission collective  « un certain nombre de problèmes d’organisation interne », ainsi que « le recours à des procédures disciplinaires à l’encontre de ceux qui sont en désaccord ». Une autre défection est venue tout récemment fragiliser les « frères » qui ne savent plus à quel saint se vouer pour arrêter cette série noire : la démission des instances du parti d’une membre du conseil régional Tanger-Tétouan Wafae Bent Abdelkader, exaspérée, paraît-il, par les querelles locales sur fond de pratiques clientélistes…

Ainsi va le PJD de Al Othmani. Victime de ses propres mensonges politiques et de la dérive  morale de certains de ses ténors (l’affaire CNSS de Ramid et Amekraz et les scandales de mœurs à répétition où ont trempé Mohamed Yatim et Amina Maelainine), incapable d’incarner la vertu qu’il a vendue à ses électeurs, accusé par une bonne partie de sa base d’avoir vendu son âme au diable,  le PJD qui a perdu beaucoup en popularité dans les allées du pouvoir n’a pas fini de payer le prix de ses turpitudes.

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