Jamil Manar
8/4/2021 4:55
Omar Balafrej victime de son profil...

Considéré comme le jeune espoir de la politique marocaine, Omar Balafrej a décidé de se retirer de la vie politique, déçu par les siens...

Considéré comme le jeune espoir de la politique marocaine, Omar Balafrej a décidé de se retirer de la vie politique, déçu par les siens qui n’ont pas soutenu son projet de réunification de la gauche.  Profil.

Minois angélique. Sourire charmeur. La tête du gendre idéal.  Mais à 47 ans, il décide de divorcer. Non pas de sa femme, mais de sa formation politique, le Parti Socialiste Unifié (PSU). Le député de la circonscription de Rabat-Océan Omar Balafrej a décidé de prendre sa retraite politique avant l’heure. Avouez que ce qui est inhabituel dans le monde partisan national où seule la mort ou la mise à l’écart fracassante  fait lâcher prise aux dirigeants. Avec la démission de ce celui qui incarnait l’espoir d’une politique marocaine rénovée, usé et désabusé, les gauchistes perdent leur unique voix parlementaire qui a réussi à se faire entendre en raison de son anticonformisme politique et de ses positions audacieuses s’inscrivant en dehors du consensus ambiant. Homme politique branché et moderne qui recourt aux nouvelles technologies pour communiquer avec son public, le démissionnaire dénote dans un milieu saturé d’opportunistes de tout poil qui ne déploie qu’une seule énergie, celle de résister au changement.

Le positionnement de Balafrej, qui a introduit une note de fraîcheur dans un paysage sclérosé et monotone, lui a valu une certaine admiration chez une petite frange la population. Or une voix que l’on entend n’est pas forcément écoutée. Omar Balafrej a souffert de ne pas être écoutée jusque dans son propre parti où il est en désaccord profond avec sa secrétaire générale Nabila Mounib. Celle-ci a montré très peu d’enthousiasme pour son projet de fusion pour l’édification d’une grande fédération de gauche unifiée pour lequel il s’est engagé en 2015. Un projet qui relève de l’utopie dans un contexte politique national où les composantes de cette gauche moribonde n’ont jamais réussi à unifier leurs rangs et à parler d’une seule voix. Bien au contraire. Les scissions sur fond de divisions sont le lot quotidien depuis des décennies de cette tendance version groupusculaire  qui a perdu beaucoup de sa superbe au fil des années.  Il faut vraiment être soit naïf ou rêveur pour croire que les différentes sensibilités de la gauche marocaine, dont l’atomisation et les intrigues restent la principale caractéristique, accepteront de cohabiter sous une seule enseigne.

Celui qui pensait être ce rassembleur l’a appris à ses dépens. Frustré et déçu, cet homme politique nouvelle génération quitte le bureau politique de la Fédération de Gauche (FGD) et annonce sa non-participation aux prochaines élections. Une star politique s’éteint. Pour ses partisans, le départ de Balafrej, c’est la défaite du renouveau. Issu d’un milieu nanti de la capitale, Omar Balafrej qui a ses entrées dans l’establishment a de qui tenir. Né d’un père chirurgien, il est le petit-neveu de Ahmed Balafrej et a comme proches un certain Abderrahim Bouabid et M’hamed El Yazghi.  C’est dire qu’il est tombé tout petit dans le chaudron de la politique et du militantisme. Lycée Descartes à Rabat, Lycée Janson-de-Sailly à Paris où il fait sa prépa Maths sup/Maths spé et puis l’École centrale de Lyon d’où il sort ingénieur.  Un esprit cartésien happé malgré lui par le tourbillon de la politique.

Désert

De retour au bercail, il fait un passage à l’ex-holding ONA devenu depuis Al Mada et devient directeur technique à l’université Al Akhawayn et consultant auprès de la société financière internationale relevant de la Banque mondiale. En 2008, il prend les rênes de l’incubateur des startups Technopark Casablanca qu’il quitte en 2015, pour se présenter une année plus tard aux élections législatives qu’il remporte. Parallèlement à ses activités professionnelles, il s’emploie à faire vivre son engagement politique qu’il considère comme un devoir. Baptême de feu à l’USFP dont il est élu conseiller municipal à Ifrane de 2003 à 2009. Puis il est approché pour présider aux destinées de la Fondation Abderrahim Bouabid. L’ancien édile local quittera cette Fondation en 2010 après l’avoir rejoint 13 ans plus tôt. Suffisamment de temps pour se persuader qu’il a atterri dans un club d’apparatchiks trop rigides à son goût et qui porte bien des ambitions sauf celle de « la transformation de la société marocaine».

La transformation de la société marocaine ! C’est ce qui le fait vibrer. Mener une politique en faveur des couches défavorisées fondée sur une répartition équilibrée des richesses. Sortir l’école publique de son sous-développement chronique qui compromet le développement du pays. Démanteler le système de la rente économique qui continue à plomber l’économie nationale.  C’est pour ces choses-là qu’il plaide avec ferveur dans chacune de ses interventions qui le font passer auprès de la majorité des députés, bien recroquevillés sur les réflexes et les idées du passé, pour un extraterrestre déconnecté de la réalité du pays. La norme ce n’est pas lui. Ce sont les autres. Omar Balafrej prêchait dans le désert. Le Maroc n’est pas encore mûr pour des profils politiques pareils. La politique de papa a encore de beaux jours devant elle.

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