Rafik Hariri.

Le Tribunal spécial des Nations unies pour le Liban (TSL) a condamné par contumace vendredi dernier Salim Ayache, membre présumé...

Le Tribunal spécial des Nations unies pour le Liban (TSL) a condamné par contumace vendredi dernier Salim Ayache, membre présumé du Hezbollah, à la perpétuité, pour avoir pris part à l'assassinat en 2005 de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri. Salim Ayache a été reconnu coupable en août de cinq chefs d'accusation liés à l'attentat à la voiture piégée. Mais la sentence est entièrement symbolique car M. Ayache, dont on ne sait toujours pas où il se cache, a été jugé par contumace. Cela signifie que s'il est appréhendé, il devra être jugé à nouveau. La condamnation n'était de ce fait qu'une note finale à un vaste et coûteux effort pour amener les auteurs du plus important assassinat politique de l'histoire moderne du Liban à rendre des comptes. Mais après des millions de dollars dépensés pour enquêter et juger les auteurs présumés de ce crime vieux de 15 ans, pas une seule personne n'a été punie. Le juge Janet Nosworthy a annoncé la sentence lors d'une séance qui s'est tenue en partie virtuellement à cause du coronavirus, en disant que les graves crimes de M. Ayach méritaient une punition sévère.

« Le Liban est une démocratie parlementaire », a déclaré la juge Nosworthy. « Ses politiciens et ses dirigeants devraient être démis de leurs fonctions par les urnes plutôt que par une balle ou une bombe. » Le TSL a été créé à la demande du Conseil de sécurité des Nations unies en 2009, après que le Liban ait «omis» d'enquêter sur ce crime. Il ne peut juger que des individus, mais le juge Nosworthy a déclaré qu'un État était très probablement derrière le meurtre de M. Hariri et que le pays qui en avait le plus à gagner était « très probablement la Syrie ».

Au moment de l'assassinat de M. Hariri, les forces syriennes occupaient le Liban et s'immisçaient profondément dans la politique du pays, soutenant les alliés libanais de la Syrie, dont le Hezbollah, et sapant ses ennemis. Beaucoup au Liban pensent que la Syrie a supervisé l'assassinat de M. Hariri pour éliminer un adversaire politique. Les responsables syriens ont nié à plusieurs reprises toute implication de leur gouvernement. Le juge a également laissé entendre que le Hezbollah, une puissante milice et un parti politique soutenu par l'Iran que les États-Unis et d'autres pays considèrent comme une organisation terroriste, avait protégé M. Ayach de l'arrestation.

Par ailleurs, le tribunal a émis de nouveaux mandats d'arrêt contre M. Ayach et a autorisé son procureur à demander une « notice rouge » à Interpol, demandant à ses États membres de garantir son arrestation. « La peine infligée à Salim Ayache doit être appliquée et les autorités judiciaires et sécuritaires libanaises doivent remplir leur devoir », exhorte Saad Hariri, le fils de l’ancien premier ministre assassiné.

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