L’avenir politique de Erdogan est-il scellé ?

L'alliance de l'opposition turque s'est engagée à débarrasser la Turquie de l’héritage du président Tayyip Erdogan si elle est élue lors...

L'alliance de l'opposition turque s'est engagée à débarrasser la Turquie de l’héritage du président Tayyip Erdogan si elle est élue lors des élections du 14 mai, notamment en revenant à une démocratie parlementaire et à l'orthodoxie économique, ainsi qu'en modifiant radicalement la politique étrangère.

Le mois dernier, Kemal Kilicdaroglu, candidat à la présidence de l'Alliance nationale, qui regroupe six partis, a dévoilé le programme de l'opposition pour ses 100 premiers jours au pouvoir. Les promesses allaient du retour à l'heure d'été à la réduction des impôts et des assurances, en passant par la mise en place d'un système de recrutement au mérite pour tous les emplois de la fonction publique. La principale promesse est le retour à un système parlementaire qui, selon l'alliance, sera "plus fort" que celui en place avant le passage, en 2018, au système présidentiel actuel. Elle rétablirait le poste de premier ministre, aboli par Erdogan lors d'un référendum en 2017, et ferait de la présidence un rôle "impartial" sans responsabilité politique. Le droit de veto du président sur les lois et les décrets serait aboli.

Le président romprait ses liens avec tout parti politique, n'exercerait qu'un seul mandat de sept ans et serait ensuite interdit de politique active. Le pouvoir du parlement de se retirer des accords internationaux serait inscrit dans la constitution. Il aura également plus de pouvoir sur la planification du budget de l'État. Dans l'administration publique, les conseils et les bureaux relevant de la présidence seront supprimés et leurs fonctions transférées aux ministères concernés.

Au rayon économie, l'Alliance nationale a promis de réduire l'inflation, qui s'élevait à 44 % en avril, pour la ramener à un chiffre très bas en deux ans et de rétablir la stabilité de la lire, qui a perdu 80 % de sa valeur par rapport au dollar au cours des cinq dernières années. L’alliance garantirait l'indépendance de la banque centrale et supprimerait des mesures telles que la possibilité pour le cabinet de choisir son gouverneur. Elle préparerait en outre une législation permettant au parlement d'adopter des lois sur la mission de la banque centrale, son indépendance opérationnelle et les nominations à des postes de haut niveau. Les politiques qui interfèrent avec un taux de change flottant seront supprimées, y compris un programme gouvernemental qui protège les dépôts en lires contre la dépréciation de la monnaie.

Il s'est engagé à réduire les dépenses publiques en diminuant le nombre d'avions utilisés par la présidence, le nombre de véhicules utilisés par les fonctionnaires et en vendant certains bâtiments publics. Tous les projets menés dans le cadre de partenariats public-privé seront réexaminés. L’Alliance réexaminera ainsi le projet de centrale nucléaire d'Akkuyu - détenu par des entités publiques russes - et renégociera les contrats de gaz naturel, afin de réduire le risque de dépendance à l'égard de certains pays pour les importations de gaz. Côté politique étrangère, l’Alliance  adopterait le slogan "Paix à l'intérieur, paix dans le monde" comme pierre angulaire de la politique étrangère de la Turquie. Tout en promettant de "travailler à l'achèvement du processus d'adhésion" à l'Union européenne, l'Alliance s'est engagée à réexaminer l'accord sur les réfugiés conclu en 2016 entre la Turquie et l'UE.

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