Abdellah Chankou
7/7/2022 21:20

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Le souverain était le premier à prendre la pleine mesure du déficit à la fois social et sanitaire dont souffre le pays. Le révélateur en aura été la crise pandémique qui a frappé dans des proportions sans précédent le Maroc au même titre que le reste du monde. Dès lors, la décision royale, annoncée dans le discours de la fête du Trône du 29 juillet 2020, est prise et elle est historique: la généralisation de la protection sociale à l’ensemble de la population. Quelques mois plus tard, à l’occasion de l’ouverture de la session d’automne du parlement le 9 octobre, le Roi Mohammed VI revient à la charge pour révéler le nombre de citoyens sans couverture maladie de base et qu’il faudra intégrer dans le système : quelque 22 millions de personnes entre indépendants et titulaires de la carte Ramed qui devront être couverts d’ici à la fin de l’année. Un chantier colossal à 51 milliards de DH, étalé sur quatre ans, comme le Royaume sait mettre en route, en sonnant la mobilisation générale qui a propulsé la CNSS en première ligne (en sa qualité d’assureur des salariés du secteur privé). A réforme nouvelle et d’envergure, sang neuf et expertise reconnue.  La nomination de Hassan Boubrik en février 2021 à la tête de la Caisse répond à cette exigence nationale.

Mais qui dit généralisation de la couverture maladie, dit offre de soins qui suit en termes de qualité et de consistance.  Pour cela, l’État a débloqué en 2022 une enveloppe de 6 milliards de DH, destinée à lancer des investissements dans une nouvelle infrastructure hospitalière (nouveaux CHU de Laâyoune et Rabat) et à initier la restructuration de l’existant (Centres hospitaliers provinciaux et régionaux ainsi que les établissements de santé de soins primaires).  Une nouvelle organisation territoriale de la Santé aurait été imaginée pour mieux répondre aux besoins des populations dans les régions dont il convient par ailleurs d’impliquer les élus, plus enclins à se préoccuper de leur santé financière que de celle des citoyens.

Étant entendu que la santé est une responsabilité collective qui doit impliquer un certain nombre d’acteurs (les professionnels de santé mais aussi les gestionnaires) si l’on veut améliorer la prévention et la prise en charge des malades. C’est à ce prix que les bénéfices en matière de santé publique deviennent quantifiables et tangibles. Mais le grand défi, qui constitue un prérequis fondamental, reste sans conteste la refonte de la gouvernance. Le salut à ce niveau-là ne peut venir que d’un partenariat public-privé aux contours précis. Pour arriver à concrétiser cet objectif, il faudrait d’abord dépasser les craintes suscitées  par l’association d’acteurs aux intêrets parfois antagonistes. Dans le cas du Maroc, celle-ci est loin d’être en bonne santé et de son état chaotique, qui tue toute velléité de planification des stratégies de santé, découle la majorité des maux qui rongent le système de soins, essentiellement dans le public.

L'heure n'est plus au diagnostic mais à l'action et le remède ne réside pas seulement dans la prescription d'une augmentation du budget de la santé mais bel et bien dans un pilotage stratégique fort.

La généralisation de la couverture médicale, conjuguée aux meilleures  installations sanitaires, n’est pas suffisante - loin s’en faut - pour faire accéder les assurés à des soins de qualité  notamment en matière de prise en charge hospitalière. A quoi ça sert d’avoir une mutuelle en bonne et due forme si l’hôpital n’est pas organisé pour soigner comme il se doit les flux de malades ? Le problème est encore plus critique pour les malades du Maroc profond qui n’ont même pas accès aux soins en raison des fameux déserts médicaux…

C’est dans les traitements en milieu hospitalier en rapport avec la médecine d’urgence et de catastrophe notamment que les structures publiques sont passablement démunies et affichent un degré assez élevé d’improvisation due à une absence de moyens matériels, surtout humains. Sur ces aspects où il s’agit de sauver des vies sans perdre de temps, l’urgence est absolue contrairement aux affections longue durée (ALD) qui du fait de leur traitement prolongé arrivent à être plus ou moins gérées.

En revanche, la quadrature du cercle pour la crise de l’hôpital au Maroc a pour nom la pénurie du personnel soignant, cible privilégiée d’opérations de débauchage continues de la part de la concurrence étrangère. Comment dès lors soigner les patients dans un pays qui offre seulement 7 médecins contre 65 en France pour 10.000 habitants ? L’hémorragie à ce niveau-là, qui crée une pénurie sérieuse en médecins, est aggravée par un problème de formation des futurs praticiens en raison de l’insuffisance des étudiants en médecine et des bassins de stage disponibles, sachant qu’on ne forme pas un médecin dans un amphithéâtre. L’importation des médecins étrangers, autorisée par  une loi adoptée en 2021, n’a pas non plus permis de créer le moindre effet compensatoire. Un véritable bide.

L’engouement escompté n’a pas eu lieu pour la simple raison que le mal réside dans le défaut d’attractivité de l’exercice de la profession au Maroc. Dernier signe d’un véritable malaise, les futurs médecins ont organisé mardi 5 juillet un sit aux abords du Parlement pour protester notamment contre la dégradation du niveau de formation dispensée par les facultés de médecine et de pharmacie. Voilà une autre alerte rouge que le ministère de l'Enseignement supérieur doit entendre et agir en conséquence.

Sur plusieurs fronts sanitaires, l'heure n'est plus au diagnostic mais à l'action et le remède ne réside pas seulement dans la prescription d'une augmentation du budget de la santé mais bel et bien dans un pilotage stratégique fort, adossé à une bonne gouvernance où la motivation et l'évaluation, la récompense et la sanction doivent couler comme le sang dans les veines. Une mission  fondamentale  qui s’inscrit dans les attributions de la Haute autorité de la régulation intégrée de la santé (HARIS). Entité indépendante, dont la création a été annoncée récemment par le Premier ministre Aziz Akhannouch, elle a aussi pour rôle de garantir la continuité  d’un service public de qualité dans les domaines de santé.

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