Une équipe du Canard a rencontré par hasard, à Rabat, l’ex-Premier ministre Saadeddine Al Othmani dans un petit café plongé dans la pénombre...

Mais qu’est-ce que vous faîtes seul, le regard assombri, dans cet endroit sale et mal éclairé ?

Je m’acclimate avec ma nouvelle destinée et destination, l’obscurité, après avoir été déchu de tout et cru à tort que j’étais une lumière. Battu comme un chien aux élections législatives à Rabat-Océan, chassé tel un malpropre de la primature dont j’ai bien aimé le confort et démissionné dans le déshonneur de la chefferie du parti suite à notre défaite cuisante aux élections qui a fait des islamistes une lanterne rouge…


Mais comment fait-on pour passer de 125 sièges en 2016 à 13 en 2021 ?

Ce n’est pas une énigme comme certains y compris au sein de notre parti ont tendance à le penser. On s’est fait démasquer depuis longtemps et en guise de punition le peuple nous a débranchés. Ce qui nous a valu de passer à la vitesse de lumière de 125 à 13 députés.  C’est très dur pour un parti dont les membres, je l’avoue, ne sont pas des lumières…


Tout compte fait, le PJD sort tout de même gagnant de ses 10 années au pouvoir auquel il a accédé par pur accident…

Nous avons été portés par la vague du Printemps arabe et emportés par le tsunami de nos propres turpitudes. De nombreux frères du parti, qui vivaient chichement du temps de l’opposition, ont changé de catégorie sociale.  A ce niveau-là, le changement s’est bel et bien produit…


Le PJD a-t-il encore de l’avenir après son effondrement électoral pour le moins inattendu ?

Comme petit parti d’opposition qui prêche dans le désert, nous avons pas mal d’atouts. Pour le reste, je suis très pessimiste. Touché au cœur, le PJD s’est éteint.

Comme les dinosaures, l’islamiste à la sauce PJD est bien parti pour devenir une espèce en voie d’extinction.


A ce point ?

Le PJD a perdu sa virginité et il est très difficile pour lui de la retrouver. Il y a de quoi devenir fou. Personnellement, j’ai peur que si la situation du PJD empire davantage de finir à Bouya Omar, l’asile pour fous fermé par l’ex-ministre PPS de la Santé Lahoucine Louardi.

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